Mon grand-père

Le héros de l’histoire est un petit garçon. Petit, il l’est d’autant plus qu’il a « un grand, un très grand grand-père ». L’illustration de Gilles Rapaport le prouve : géant débonnaire qui dépasse les arbres, le grand-père, bedonnant, le nez proéminent regarde de très haut, d’un œil bienveillant, le petit garçon. L’histoire développe ce contraste entre le tout-petit et le grand et gros grand-père. Succession d’échanges, on s’amuse des images où le grand père enveloppe l’enfant, celle où il est prêt à le croquer, celle où se comparent leurs mains, l’énorme et la minuscule… Le texte transforme en éclats lumineux les souvenirs égrenés au fil du texte. Ainsi sont évoqués les gargouillis du gros ventre, la surdité, les poils des oreilles. Ces faiblesses dues à l’âge sont transcendées par le langage. Mon grand-père raconte le monde et transforme les infirmités en force « ça me rassure » dit le narrateur. Les oreilles transformées en coquillages, peau ridée qui devient velours, apprivoisent les infirmités du vieillissement et le lien fort établi entre le petit-fils et son grand-père passe outre les tensions familiales du grand-père sourd qu’on supporte un peu difficilement. Grand-père est aussi un passeur de savoirs, des histoires qu’il raconte et auxquelles il donne du sens, « je suis l’Ogre et toi le Petit Poucet », « je suis une vieille coque de noix et toi, tu en es le fruit ». Lorsque le fauteuil où il s’endormait devient vide, le petit se sent encore bien petit.

Un album fort sur la relation grands-parents, enfants, traitée avec ironie et tendresse, à mettre à côté de Grand-Papa de J.Burningham. Texte et images s’épaulent, se répondent pour le plus grand plaisir du lecteur quel que soit son âge.