Clémentine n'aime que le rouge

Les vacances s’achèvent pour Marc, Nini et Paupiette leur petit frère. Sous la garde bienveillante de Chantilly, leur logeuse, ils s’ennuient un peu, en particulier le soir. Aller en promenade jusqu’à l’étang du Roi des Crapauds est un dérivatif habituel. Au milieu de la forêt, très dense à cet endroit, ils ont le sentiment de vivre des aventures extraordinaires d’Indiens ou de chevalerie. Ce soir-là, en chemin, ils entendent renifler. Surpris, inquiets, effrayés, seul Marc l’aîné ose fouiller le fourré pour y découvrir Macédoine.
La petite fille assise derrière un bosquet pleure. Elle a perdu Clémentine. N’écoutant que leur bon cœur, les enfants décident de partir à la recherche de Clémentine. En cachette de Madame Chantilly, ils confient à Tim et Tom, leurs voisins de la ferme, la rude tâche de garder Macédoine. Mais, comment résister à l’attrait de l’aventure dans ce petit monde où on rêve de grande Action à raconter aux copains. Ils trahissent donc la confiance qu’on a placée en eux et s’engagent à la poursuite de Macédoine. Les deux équipes partent courageusement, la gloire est au bout. Dans le bureau de police, un appel apprend à Tolo, le fils du sergent Bipe qu’un enfant a disparu. N’écoutant que sa bravoure, Tolo se met en route lui aussi accompagné de Fiasco, son chien. Voilà donc une troisième équipe sur les chemins sans compter la police qui se met en ordre de bataille. Beaucoup de monde donc à la recherche de Clémentine. C’est alors que se lève le vent et que l’orage éclate !
A partir de là comme une pelote de laine mal enroulée, l’histoire s’emmêle. On suit un moment les frères et sœurs, puis la police, puis Tim et Tom. Surgit d’on ne sait où, Ignace Procope, le journaliste qui roule vers son ami Télésphore Gribouille pour le souper… Tout le monde est pris sous le déluge. Les enfants roulent dans un trou, se cachent dans une cabane, évitent de justesse d’être foudroyés, c’est l’apocalypse. Ils avancent, reculent, ont peur, s’injurient, se soutiennent dans un méli-mélo de situations drôles ou faussement effrayantes. On s’amuse ! « Courage, fuyons », même les braves craignent la tempête et on ne sait toujours pas où ni qui est Clémentine. Caricaturaux, les personnages sont des classiques de la comédie : il y a le couple des policiers un peu Zorro, un peu Sancho Pança ; parmi les enfants, on trouve toute une gradation du petit rondouillard affamé, au frère aîné qui veut tout dominer. On ne croit pas à l’histoire mais cela importe peu. Les enfants sont tour à tour enfermés, libérés, rien n’est sérieux. On joue à se faire peur, on interpelle le lecteur par-dessus les personnages ignorants. Histoire fantaisiste, histoire facétieuse, les illustrations rythment les étapes de ce ballet étourdissant jusqu’à la résolution finale très sage après les dérèglements multiples surmontés.