Et la galette dans tout ça

Sur la couverture intérieure, un chaperon rouge, et sa mère qui la regarde tendrement marchent d’un bon pas. Un texte de comptine relaie le mouvement : « le beurre dans la galette. La galette dans le panier. Le panier dans la main du Chaperon. Le Chaperon dans ses pensées. Le loup dans la forêt ». Ces quelques lignes posent le décor. Ensuite, seules les images racontent. Le bienheureux chaperon cueille les fleurs, devant un petit lapin curieux. Derrière un arbre poteau vert, dépassent un museau et une queue noire ! Le loup veille ! Soudain, à genoux, devant la gamine, grand et galant, il lui offre une fleur. Des bulles résument les dialogues et le drame s’engage. On y lit les pensées des protagonistes. La Chaperon pense à sa grand-mère, dans un cœur ; le loup se voit avec le chaperon côte à côte. Comme par flashes successifs, on voit le jeu innocent de la fillette et peu à peu la transformation violente du loup. Lorsqu’elle retire son bandeau de jeu, le chaperon perçoit la fumée en forme de tête de mort qui sort de la cheminée de sa grand-mère… La comptine futile reprend « la grand-mère dans le loup. Le chaperon dans le loup. Le chasseur dans l’histoire / zigouille le loup… »

Le texte extrêmement resserré, contraste avec le récit structuré par les images. Avec beaucoup d’habileté, les couleurs, les mouvements soulignent la naïveté du chaperon, la duplicité du loup. Le texte dans sa sobriété, y gagne en ironie réjouissante. Une variation très élégante et efficace, à ajouter à la longue liste des Chaperons Rouges très réussis.