Le chat bonheur

Chat d'un riche marchand de tissus paresseux, Tama coule des jours heureux. Mais, à force de dépenser son argent au jeu, son maître fait faillite. Se souvenant d'une légende ancienne, il taquine Tama en lui enjoignant de lui ramener un trésor. Le chat s'exécute nuitamment et ramène une pièce d'or. Le maître s'empresse de la dépenser et sollicite à nouveau l'animal. Bien que fatigué, Tama revient avec un nouveau pécule. Et ce qui devait arriver arriva : l'humain perd encore tout au jeu...
Tama repart en quête, suivi cette fois par le marchand. Le chat pénètre dans un temple abandonné et entame une litanie auprès d'une divinité. Il s'amincit, perd du brillant de son poil... et finit par disparaître, laissant derrière lui quelques pièces d'or et un maître éploré. Choqué, ce dernier devient dès lors un modèle de vertu et fait ériger chez lui une statue de Tama : c'est le fameux chat-bonheur japonais, qui apporte la richesse avec lui.

Racontée de façon implacable, provoquant quasiment l'effroi chez le lecteur, l'histoire se pare a contrario d'illustrations légères, tons pastel délicats et situations gracieuses. L'effet de suspense n'en est que plus grand : que va-t-il arriver à Tama ? La leçon est rude, avec l'idée qu'il faut avoir vécu un grand malheur pour connaître le bonheur dans la modération. Comme bien d'autres légendes, le chat-bonheur japonais n'est souvent connu que par son iconographie, et pas dans les détails de son histoire. Avec beauté et dans une collection mythique du Père Castor, ce petit album répare une injustice, offrant un aperçu sur une culture du don de l'animal fidèle qu'il arrive de retrouver dans les contes occidentaux.