Bisa Béa Bisa Bel

Isabel s’adresse au lecteur : son aïeule vit en elle. Elle vient de découvrir une photo de son arrière-grand-mère en petite fille et c’est un choc… Commence alors un véritable compagnonnage entre Isabel et Bisa Béa. Le monde s’organise autour d’Isabel en fonction de ce point de départ. La mère d’Isabel, Madame Sonia, sa professeure comprennent l’importance de cet attachement. Les amis d’Isabel, quant à eux, réagissent entre intérêt et moquerie. Dans la conversation qui s’engage entre aïeule et petite-fille, chacune garde ses valeurs et ses habitudes : les pantalons d’Isabel irritent son arrière-grand-mère ; les jeux, les relations entre garçon et fille lui sont incompréhensibles. Isabel est une fille de son temps, elle a déjà un copain avec qui elle envisage son avenir mais Sérgio n’est pas forcément très vaillant, devant les autres, il se moque d’elle. Pourtant c’est elle qui va le « sauver » de Rex le chien… ! Dire qu’Isabel est un garçon manqué ne serait pas juste. Elle affirme seulement, « je suis moi ! » C’est une révélation qui s’impose à elle et qu’elle va mettre en perspective lorsqu’une nouvelle petite voix l’interpelle : son arrière-petite-fille, Bette. Ainsi Isabel est l’arrière-petite-fille de Bisa Béa et l’arrière-grand-mère de Ptite Bette, entre passé et présent.

Une grande force émane de ce roman et de cette méditation sur la place que chacun occupe dans la longue « tresse humaine ». L’humour jaillit des déconvenues d’Isabel. Les décalages entre mœurs se prêtent à des regards historiques ou d’anticipation et la société brésilienne ainsi analysée est proche de nous. Toutefois, si on s’attache bien aux personnages qui suscitent empathie et indentification, l’action paraît un peu courte, et les péripéties trop orientées vers la cause défendue manquent un peu de suspense. Un roman riche qui parlera surtout aux filles.