Je suis l'idole de mon père

Doriand aime sans doute son père. Mais la plupart du temps, il le fuit : cet écrivain en mal d'inspiration ne cesse de s'approprier la vie de son fils adolescent pour nourrir ses œuvres. Cette année, les vacances en tête à tête à Deauville (payées par la mère de Doriand qui s'amuse un brin de son ex-mari) s'annoncent croquignolettes. Un pacte enterre plus ou moins la hache de guerre. Mais surtout, Doriand découvre que ses grands-parents paternels, ayant renié il y a des années leur progéniture artiste, habitent à deux pas...

Cri du cœur d'un jeune homme exaspéré par des intrusions parentales pour le moins originales, la courte fiction pétille de drôlerie vacharde. Doriand et son père ne cessent de s'égratigner, l'adulte étant tellement prévisible que le fils le raconte... comme un roman (voir le pied de nez final). Et pourtant, derrière le rire irrésistible car dépendant de situations si bien vues, les fêlures se creusent. Il y a la famille paternelle bourgeoise jusqu'au bout de ses activités nautiques, le père mutique, sûrement blessé, Doriand curieux quoiqu'encore très inquiet. La rencontre n'ira pas forcément très loin, mais sera suffisante pour que le héros voit son père sous un nouvel angle, et devienne adulte ou soit en train de le devenir. L'amour impossible pour la cousine serait le seul élément en trop de cette parenthèse estivale vivifiante, parfumée à l'iode de l'Atlantique.

" Mais moi ? Fils d'écrivain. C'est petit, tout petit. Imaginez : la plupart des écrivains passent très peu à la télé, on ne les reconnaît pas dans la rue, ça n'intéresse personne au lycée, ça ne gagne même pas beaucoup d'argent, rien pour faire rêver vraiment. " (p. 11)