Zou Caribou

Eté comme hiver, chaque ouiquaine, Zou Caribou remplit sa valise. Il part chez son papa et « deux p’tites feuilles plus tard », il rentre chez sa maman de l’autre côté de la forêt. Zou Caribou raconte sa vie, rythmée par ces déplacements. Rien sur les raisons de la séparation, le mot même est ignoré, aucun ressentiment, juste une prise en compte raisonnable de sa vie par le petit caribou lui-même.

L’auteure évoque comme au style indirect, sa vie des deux côtés, avec une représentation nette de ce qu’il fait chez l’un chez l’autre et un transfert d’émotion : Zou « peut laisser (sa maman) un peu seule, elle est sage » , son papa « il peut rester tout seul, sans pleurer, maintenant ». C’est ainsi que ce récit allègre laisse percevoir des failles recouvertes par une vision volontairement positive. C’est bien, deux joues pour deux bisous « c’est bien, des chemins qui vous emmènent aux bisous des gens qui vous aiment ». Les illustrations de Nathalie Choux captent dans les gros yeux des personnages toutes les interrogations qu’ils couvent et dans les couleurs vitaminées des vêtements ou des paysages, toute l’énergie du monde moderne. Il y a dans ce récit, un parti-pris de dignité morale, dans les tournures, les inventions stylistiques, une volonté de dissimuler sous la fantaisie du langage, un problème dont Zou Caribou n’est pas dupe, mais avec lequel il faut vivre. Marie-Sabine Roger (et Nathalie Choux) adressent à tous, parents et enfants un beau message de savoir-grandir, une leçon de vie.