Les 9 vies de Philibert Salmeck

Philibert Salmeck (attention à la prononciation des patronymes) est un enfant aussi riche qu'odieux, couvé par son tuteur, Austerman. Héritier d'une dynastie d'affreux profiteurs, il n'a qu'une angoisse : mourir jeune, comme ses ancêtres. Philibert décide alors de s'acheter des vies, en les prenant à son pauvre chat, Shad Mahler. Opérés par un savant fou, les deux survivent. Philibert peut commencer à dépenser ses vies sans compter. Ses comportements extrêmes donnent des sueurs froides au gentil Austerman : tauromachie, électrocution sur un rail de train, noyade, saut dans le vide... Lorsqu'il ne lui reste plus qu'une seule vie, Philibert angoisse et se cloître chez lui avec Shad Mahler.

Paranoïa sécuritaire, capitalisme effréné, recherches biologiques sur l'humain... John Bemelmans Marciano pioche aux grandes peurs de notre société pour border un conte noir des plus macabres, à la hauteur d'un Edward Gorey en pleine forme ! Sale gosse, Philibert énerve, puis fait rire, avant finalement de faire un peu pitié... Seul et hyper-fortuné, il finira bien par mourir.
Illustrée avec vigueur et racontée par un narrateur omniprésent, l'histoire ne choque pas tellement elle est outrée. Le lecteur saute d'horreur en horreur avec des interludes très enfantins (le safari infernal des Salmeck du monde entier, le vol dans le ciel avec les ailes d'Icare...), rigole jaune et, du coin de l'esprit, suit le petit Shad Mahler... qui, vous verrez, porte parfaitement son nom.
De construction classique, Les 9 vies de Philibert Salmeck détonne et appuie là où ça fait mal, et au fond, garde la morale sauve ! Un roman inoffensif à lire prévenu, dès 11/12 ans.