Papa tatoué

Voilà un livre extravagant au bon sens du terme ! Un jeune garçon, le narrateur, est pétri d’admiration devant les aventures rocambolesques inventées par son père en lien ou non avec les tatouages qui le couvrent de la tête aux pieds. La mère et l’enfant vivent au rythme des apparitions et des disparitions de ce père fantasque, avec résignation pour l’épouse, avec émerveillement pour l’enfant.
L’album comprend dix chapitres qui reprennent les histoires du père. Chaque histoire est initiée par une introduction qui installe un climat. C’est l’histoire étonnante du tigre à deux queues qui mord, paraît-il. S’ensuit à un rythme accéléré, des péripéties qui comme dans les films muets ou dans les westerns s’enchaînent de façon implacable et miraculeuse. Ainsi l’enfant fasciné assiste à son sauvetage comme s’il y était. Une première fois, enlevé dans son couffin par le chien Clic Clac, son père a convaincu le chien de le lâcher. Une seconde fois, l’enfant a été éjecté de la voiture dans une route sinueuse, le père « a sorti un bras par la portière et ouvert la main pour (le) réceptionner ».
Magnifique ! Tout comme les illustrations qui épousent l’histoire et montrent une voiture en furie circulant entre les yeux d’un crâne. Le délire des histoires est traduit par une imagerie qui emprunte celle du cirque, et celle populaire, naïve, d’Amérique du Sud. La mort, les diablotins, les araignées avec de gros yeux, les animaux dentus, des flammes, tout a sa place dans des coloris rutilants, des rouges, des verts, des jaunes qui claquent. Aussi folles soient ces histoires, elles parlent le langage de la tendresse, comme une façon de poursuivre le lien père et fils, époux et épouse. On sort de cette lecture, attendris, amusés et impressionnés par l’exubérance de la narration comme de l’illustration.