La tête dans les choux

Margotte a treize ans, et du recul sur sa vie. Elle se sait solitaire, et elle aime analyser sa famille pour mieux la comprendre : mère enthousiaste et râleuse à la fois, père documentariste vissé à sa caméra, et Clairette, petite sœur à paillettes reine de l'école. Voilà. Elle n'a plus maintenant qu'à transplanter son monde urbain... en Ardèche, dans un petit village à une heure de route sinueuse de la première école. Sa mère s'est en effet piquée d'un retour à la nature, entamant une production de compost et une confection massive de pâte de coings. Clairette et le père dépriment. Margotte cherche sa place, et rencontre le beau et jeune fermier du coin. Elle apprend aussi l'existence d'un dix-septième et mystérieux habitant... le danger rôderait-il ?

La narratrice, qui se pose d'emblée en observatrice, offre un croustillant portrait de la ruralité, toujours drôle, jamais moqueur. L'équilibre du petit roman suit un fil ténu, entre la (grande) famille de souche qui parle patois, le chauffeur de bus volubile, l'adolescente à piercing désolée de vivre là... Comme souvent, c'est un drame (à la fin heureuse) qui signera l'intégration définitive de Margotte et des siens dans le village. Dans un mouvement contraire, en compagnie de leurs nouveaux amis, les deux filles accepteront les joies du potager et de la vie au plein air. A la fin, seul le père court bien encore après sa caméra...
Italienne d'origine, Gaia Guasti prend plaisir à s'amuser avec la langue, à offrir un vocabulaire varié au service de l'humour acéré (involontaire ?) de son héroïne. C'est pétillant et séduisant, tendre aussi. Après, l'intrigue toute simple, entre découverte de la verdure et frayeur de l'enfant disparue, ne brille pas d'originalité : l'essentiel est ailleurs, dans la rencontre avec les autres, dans l'entraide entre voisins. Toutes sortes de choses que la ville ne semble pas apporter, nous dit l'auteure attachée à son monde à taille humaine. A lire, rire et soupeser dès 10/11 ans.