Lili se met en colère

Coiffée à la diable malgré ses mini-couettes, vêtue d’une robe rouge et d’un collant rayé, Lili pourrait bien être une digne petite cousine de Fifi Brindacier ! A quatre pattes, elle conteste à son chien Ouaf-Ouaf une chaussure avec laquelle il joue et on les voit tirer sur les lacets chacun de leur côté. Le texte dit « Lili a faim ». Aurait-elle l’idée de mâcher la chaussure ? Peut-être …. En tout cas elle abandonne, mais pas le chien qui s’est emparé du soulier-repas. Lili a une autre idée, elle avance ravie, subrepticement vers un plat rond… « Mais c’est la nourriture de quelqu’un. C’est la nourriture de Ouaf-Ouaf ». Le tête-à-tête de Lili, à quatre pattes, déterminée, armée de sa petite cuillère et de Ouaf-Ouaf qui protège entre ses pattes sa gamelle est d’une très grande drôlerie. Le lecteur peut les observer et sentir l’hostilité des regards qui s’affrontent. S’ensuit un combat douloureux qui se termine par des larmes … Quelques pages plus loin, fin des hostilités, autre tête-à-tête « c’est agréable de redevenir amis », les yeux dans les yeux, toujours à quatre pattes, la fillette et son chien vont signer la trêve et partager, « la nourriture par exemple ».

La supériorité de Lili, de l’homme sur l’animal tient à l’outil, Lili tient fièrement sa cuillère en main. On sent que c’est un apprentissage récent. Quant à la dernière image, toute de tendresse entre Lili et Ouaf-Ouaf endormis dans le même panier, c’est le symbole même de la réconciliation. L’illustration à traits vifs, noirs, nerveuse, associée à quelques taches de couleur, caractérise les personnages et les mimiques des protagonistes, les angles d’attaque variés des différentes étapes du récit construisent un petit théâtre savoureux qui réjouira les jeunes enfants proches de Lili. Les parents y trouveront peut-être l’occasion d’une leçon de savoir-vivre !