Opération Gerfaut

C’est l’été des longues journées inoccupées. Inoccupées ? Maxence, jeune homme nonchalant quoiqu’un peu agacé par les nouvelles conquêtes de son père, est plongé dans l’aventure par son meilleur ami Victor, qui préfère aux filles les explorations illégales de propriétés des environs. Cette année, Victor veut pénétrer chez Mme Gerfaut, vieille dame riche, veuve d’un propriétaire d’usine. Il découvre un vieux conflit de famille, et se met en tête de réconcilier tout le monde (il faut dire que Victor est encore marqué par le récent décès de son père). Maxence, pas convaincu mais fidèle, va suivre l’intuition de son copain jusqu’en montagne. Pour le meilleur et pour le pire…
L’écriture de Luc Blanvillain se reconnaît entre toutes : piquante, drôle, se glissant dans la tête des personnages pour mieux se moquer de leurs petits travers. Il n’est pas d’exception ici, et c’est tant mieux. Les bons mots, les comparaisons décalées, les situations insolites sauront donner à l’intrigue une saveur et un suspens qu’elle n’aurait sans doute pas sinon. Tout comme dans Crimes et jeans slim mais sur un autre registre, l’histoire est dure : divorce ou perte d’un parent, brouille entre générations, amour désespéré à travers les décennies… Les grottes périlleuses (mortelles) sauront quant à elles vous faire proprement frémir dans le dernier tiers du roman, et on pourrait presque parler de caricature si les événements ne s’enchaînaient pas aussi vite. Résumer ce tourbillonnant roman pourtant bien ficelé est en fait une gageure, tout comme exposer sa galerie de nombreux personnages, soignés, irrésistibles même pour une scène ou deux. Maxence et Victor restent évidemment au cœur du dispositif, jeunes gens que tout oppose mais liés par la fidélité de l’amitié. Soit directement soit à travers des exemples ancrés dans le passé, tout se passe comme si Luc Blanvillain voulait nous donner sa version de l’adolescence, entre sentiments niés et besoin de tendresse, entre vie sur écrans et vie de camping, de courses et de dangers réels. Toutefois, ne vous y trompez pas : avant tout, il s’agit de bien s’amuser !