Les oiseaux noirs

Depuis toujours, le petit village de Seelenheim est victime d’attaques par d’énormes oiseaux noirs, qui détruisent tout sur leur passage, tuent aussi. Parce qu’Arno et son cousin Bern ne se sont pas mis suffisamment tôt à l’abri, Arno voit Bern être déchiqueté par les corbeaux. Bourrelé de remords, le jeune garçon décide de partir à la recherche du mystérieux « vieux de la montagne » raconté par les légendes, peut-être le seul à même de briser la malédiction. En chemin, il rencontre Clara, guérisseuse presque sorcière, dont aucun village ne veut, et qui erre avec son bébé.
Si on pense d’abord à Alfred Hitchcock, vient vite ensuite l’idée d’un conte (et pourquoi pas le Joueur de flûte de Hamelin). Frappé d’un deuil initial, le héros part sur les routes, surmonte les obstacles et au final ramène la paix – et une belle – au village. L’écriture pourtant simple et lente porte l’attention, nimbée d’une atmosphère envoûtante. S’attache-t-on aux personnages ? Oui, mais ce sont les oiseaux et ce vers quoi ils nous font tendre qui intéresse le lecteur. Une sorte de philosophie émane du roman, questionnant avec pertinence le rapport de notre société actuelle avec la mort. Mettre à l’écart les disparus, ne pas prendre le temps de les regretter est une sorte de fuite, semble nous dire Faustina Fiore. Franchement atypique dans une production calibrée, Les Oiseaux Noirs joue une carte hors du temps, aux émotions universelles (on notera le bien nommé Seelenheim). Alors que le héros évoque dans le récit une légende du passé, c’est son histoire personnelle qui est déjà elle-même une légende. Joli.