Ceux qui osent

Ceux qui osent est le dernier volet de la trilogie uchronique de Pierre Bordage, entamée avec Ceux qui sauront et Ceux qui rêvent, une belle variation sur la quête de la liberté.

L’action se situe dans un XXIe siècle décalé, où la majeure partie du monde – dont la France – vit encore sous un régime de monarchie de droit divin. Le pouvoir en place n’hésite pas à réprimer dans le sang toute velléité de révolte et maintient dans l’ignorance les ouvriers et les paysans, affublés du nom méprisant de « cous noirs ».
L’on y suit l’histoire de Clara et de Jean, qui n’auraient jamais dû se rencontrer et s’aimer : la première appartient à l’aristocratie, le second est un cou-noir. Pourtant Clara a tout quitté pour suivre Jean. Le couple décide de tenter sa chance en Arcanecout, la seule enclave démocratique de la terre, sise dans l’ouest des anciens États-Unis. Ils espèrent y trouver un monde meilleur.
Mais les jeunes gens sont vite séparés et contraints à s’écrire. Le roman à la troisième personne laisse régulièrement la place aux voix de Clara et Jean par lettres interposées.
Clara se morfond à San Francisco, soumise au blocus et aux bombardements incessants des forces européennes ; Jean se trouve, avec d’autres soldats, en patrouille dans les montagnes Rocheuses, où s’y livre une guerre de position rendue plus difficile encore par les conditions climatiques épouvantables.
L’on suit donc l’évolution de la situation personnelle des deux protagonistes, livrés aux tourmentes de l’Histoire.

Ce roman très humaniste se veut un appel à la résistance, à la lutte contre toute forme d’oppression et de racisme, un réveil des consciences. Il peut trouver moult écho dans l’histoire très contemporaine de notre planète. L’idée est belle mais le roman manque néanmoins de souffle et la démonstration est trop appuyée pour que l’on adhère pleinement au destin des deux héros. Les deux romans précédents étaient plus réussis.