Okimdam

Dès la couverture, on remarque un étrange oiseau pensif aux jambes tordues et emmêlées, désigné, comme épinglé, par deux index tendus, prolongements de deux bras sortant droit, de boîtes ouvertes ! Il s’agit d’Okimdam qui se présente à l’entrée d’un zoo où on devine éléphants, girafes et autres animaux entassés. Il est interpellé et stoppé dans son élan par un homme raide et gris. A partir de cette entrée en matière, Okimdam est ballotté de case en case, ni mammifère, ni oiseau à plumes sombres, ni mâle, ni chanteur, ni… ni… il est rejeté, expulsé, chassé ! Chaque double page présente une exclusion selon la même dramaturgie : dans un univers plat, gris et bleu turquoise, un humain gris, en costume rayé, ou en uniforme, situé devant ou à côté d’une logette surchargée en animaux encagés, déclare qu’il ne peut admettre Okimdam. Okimdam, accablé, subit ces diktats jusqu’à ce qu’un homme lui déclare « un oiseau à plumes rouges qui a une patte plus courte que l’autre, qui ne sait ni chanter ni où il va… ça n’existe pas ! ». C'est alors trop pour lui : il sait bien, lui, qu’il existe ! Une jolie fable où texte et images se confortent pour une leçon d’humanisme et de liberté. La mise en images, entre réalisme et abstraction donne à voir le point de vue de l’oiseau et rythme le texte où seules s’expriment les injonctions des gardiens. La juxtaposition des deux points de vue fait exploser avec humour les cadres dans la morale finale. Beaucoup de finesse et de tendresse dans cet album pour parler aux enfants jeunes ou moins jeunes.