En Algérie lointaine

Quitter Paris pour un eldorado promis et s’apercevoir à l’arrivée qu’on a été le jouet d’un escroc, tel est le point de départ de ce roman qui mène la famille Berthier, tailleurs de profession et leurs deux fils Fred et Charles, en Algérie lointaine, dans les années 1840, à l’époque de la conquête française. Un jour à la terrasse d’un café d’Alger, Fred reconnaît l’escroc et va s’élancer à sa poursuite avec l’aide d’une étonnante serveuse Charlotte qui pour l’occasion va se déguiser, emprunter le nom de Charles opportunément blessé. Sur la route d’Oran, la jeune fille poursuit un but que Fred ne comprend pas et s’enfuit soudainement avec Molinier un clerc de notaire, laissant seul Fred. Lors d’une razzia, les militaires français s’abattent sur une tribu arabe et Fred horrifié, dégoûté vole au secours d’une jeune arabe Anissa, qui le sauve à son tour, blessé qu’ il est par un soldat français qui ne fait pas de quartier. Rythme soutenu, aventures multiples, rebondissements caractérisent ce roman historique. Faire vivre par un « candide », la vie des campements arabes, les exactions menées par les français, les réalités de la guerre au travers d’un héros jeune et sympathique, dans une succession d’épreuves qui le mèneront en prison, à la recherche de son amour perdu autorisent un regard critique sur la colonisation sans l’alourdir par une démonstration. Les personnages secondaires qui aident le héros ou le combattent ont suffisamment d’ampleur pour tenir en haleine le lecteur, Charlotte, la traitresse a quelque parenté avec l’abominable Milady d’Alexandre Dumas et sans être un roman de cape et d’épée, ce roman s’inscrit dans cette tradition historico-romanesque. Efficace et réjouissant, un roman pour apprendre l’Histoire, carte à l’appui, et vivre, par procuration, une histoire échevelée.