Le château d'Elsa

1940, dans le Sud de la France. Le colonel munichois Aloïs Gaps, son épouse Mathilde et sa fille Elsa habitent désormais dans l’aile gauche d’un château réquisitionné par les autorités allemandes. Séparée ainsi de sa meilleure amie Lorelei qui était pour elle comme une sœur, Elsa doit, du haut de ses douze ans, trouver ses marques dans cette nouvelle vie qui s’offre à elle, et plus concrètement dans ce nouveau pays qu’elle ne connaît qu’à travers ce qu’en véhicule l’idéologie du III ème Reich.
L’arrivée d’un nouveau précepteur André Pibriac aux méthodes pédagogiques peu orthodoxes, la rencontre avec la peintre Elsa Fondray, la véritable propriétaire du château, et sa fille Eléonore boulversent le quotidien de la jeune fille. Elsa découvre en effet jour après jour que les principes éducatifs et les valeurs qu’on lui a inculqués s’avèrent très éloignés de la réalité, ce qui amène l’adolescente à s’interroger sur son pays, sur l’idéologie nazie, sur ses parents et sur elle-même…
Ce roman présente indéniablement un intérêt sur le plan documentaire (puisque le jeune lecteur glane, au fil de la narration, des informations riches sur le contexte de la seconde Guerre mondiale et sur la politique nazie à l’œuvre à cette époque) et sur le plan stylistique. Stéphane Méliade écrit avec aisance et exigence. L’alternance entre une narration à la troisième personne et les monologues intérieurs d’Elsa, en même temps qu’elle dynamise et enrichit le récit, permet ainsi au lecteur de faire très rapidement connaissance du personnage principal.
Personnage principal, qui ne suscitera pourtant pas toujours l’empathie et l’adhésion du jeune lecteur, tant Elsa apparaît mature, réfléchie et parée de toutes les qualités (jolie, intelligente, altruiste). Aussi aurions-nous souhaité pour contrebalancer le caractère « hyper » positif de ce personnage que l’auteur donne plus d’épaisseur à certains personnages secondaires, tels que Elsa Fondray, la peintre, et Gaétan, le lycéen résistant, que la personnalité spontanée et une propension à s’emporter rendent terriblement humains, et partant, plus vraisemblables. Cela aurait permis à Stéphane Méliade de transmettre avec plus de légèreté et plus d’impact, à un jeune lectorat, les valeurs de solidarité et de tolérance dont font preuve ses personnages et sur lesquelles se fonde la trame de ce roman.