Le chevalier au grand coeur

Un énorme chevalier portant une épée aiguisée au côté, protégé par une armure massive, se promène dans une forêt tranquille. Il est juché sur le dos d’un petit cheval tout fier. Tout est calme et paisible, les oiseaux regardent passer l’équipage sans crainte et notre chevalier semble goûter la quiétude du lieu. Cette image insolite donne le ton de l’histoire. Car cet énorme chevalier déteste la guerre et ses tueries et quand il fait semblant de partir en campagne, c’est pour ramasser des champignons. Cet homme sage est décidément mal dans son époque, on se moque de lui, sa famille en a honte, ses filles ne trouvent pas à se marier. Pourtant le chevalier ne manque pas de courage mais refuser la guerre, la mort, est pour lui un principe. Un jour, pressé par les siens, il finit par accepter d’aller tuer une créature maléfique dans une forêt enchantée. Bien mal lui en a pris ! Le chevalier inconsolable pleure tant que le royaume est menacé par une terrible inondation …
Beaucoup d’intelligence dans cette histoire qui met à mal les clichés, dénonce gentiment les pressions que l’on peut subir dans toute société, plaide contre la guerre et montre ce qu’est le vrai courage. Hippolyte, l’illustrateur, apporte son humour et sa poésie dans ce conte à l’envers : il croque un chevalier touchant et très éloigné des représentations que les enfants en ont : il lit Guerre et paix au banquet ou se cache derrière les arbres avec son cheval durant la bataille.
Les princesses ont bien changé dans les histoires d’aujourd’hui, elles ne sont plus des nunuches. Eh bien, les chevaliers aussi. Ils peuvent faire preuve de délicatesse et d’humanité.