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Date de publication
Age-cible

Mon p'tit vieux

Sélection des rédacteurs
Roman
à partir de 6 ans
: 9782748508710
2.95
euros

L'avis de Ricochet

Les vieux dans la littérature de jeunesse, on connaît. Si l’on met de côté la vieille sorcière et que l’on reste dans un univers réaliste, ils se divisent grosso modo en deux catégories : d’un côté les gentilles mamies et les papys gâteau, et de l’autre les acariâtres, bougons et grognons, qui ne demandent qu’un peu d’attention pour révéler qu’au fond, ils ont un cœur d’or et ne demandent qu’à préparer des pâtisseries et emmener à la pêche l’innocent bambin qui aura osé faire le premier pas.
Mais le Vieux, celui de ce roman, ne rentre pas dans ce classement un poil manichéen. Non, le Vieux est méchant, profondément et gratuitement méchant. On a beau faire un petit geste, essayer d’établir un contact, rien n’y fait. Tout le monde le déteste, normal, il déteste tout le monde. Et si un jour, miracle, il sait faire preuve d’une once de gentillesse pour Tim, le narrateur, en lui souhaitant un bon anniversaire, c’est pour lui faire une crasse juste derrière, en le dénonçant aux caïds de sa cité. Pourquoi tant de haine envers le monde entier ?
Tim s’interroge, tout au long du roman, sur ce Vieux qui ne fait décidément rien pour que la petite communauté de sa cité cesse de le détester, cette petite communauté où il fait lui-même évoluer ses dix ans, avec ses soucis et ses préoccupations bien éloignées de celle d’un vieillard aigri. Un gamin ni pire ni meilleur que les autres, qui ne cherche pas à défendre celui qui semble rassembler tout le monde dans un même élan de mépris, mais qui, tout de même, aimerait comprendre les motifs de cette malveillance… Le tout porté par un style d’écriture vivant, très oral, presque argotique, qui nous place de plain-pied dans la réalité.
Rarement un livre aussi court n’avait parlé aussi justement de la détresse de la solitude, la vraie, celle qui enferme sa victime dans une spirale d’amertume. Le Vieux est si seul qu’il en devient méchant, et si méchant qu’il ne peut que rester seul, sans aucun espoir de sortir du gouffre où la société l’a plongé, et dans lequel il a fini par s’enterrer. Un roman sans concession, dérangeant jusqu’à sa chute, très sombre et en même temps très tendre, une chute aussi éloignée des bons sentiments hypocrites que de la culpabilisation gratuite, qui fait réfléchir sans moraliser, et qui évite les larmes faciles pour transmettre une émotion qui parle à l’esprit plus qu’au cœur. Bref, une réelle réflexion sur les véritables motivations de la méchanceté, qui n’est souvent qu’un repli sur soi-même, une fuite devant une humanité dont on n’attend plus rien, à force d’avoir été trop déçu. Loin de toute bonne conscience rassurante, loin des clichés sur les vieux bourrus et grincheux qu’il faut apprivoiser, nous pouvons terminer sur les mêmes mots qui closent le livre : Voilà. C’est tout.

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