Billet retour

Avec ce « Billet retour », Océan jeunesse, éditeur installé à La Réunion, nous propose un album qui intrigue et entraîne dans un univers étrange.
Ainsi, en quatrième de couverture, on peut lire un billet un peu taché, écrit à la plume d’oie par deux pattes griffues. Il est ainsi libellé : « Monsieur,
Suite à un petit incident, mon mari est à nouveau reparti dans vos services. Merci de bien avoir l’obligeance de me le retourner au plus vite.
Veuillez agréer l’expression de mon brûlant respect. »
En ouvrant l’album, on comprend qui est l’auteure de ce billet et les circonstances bizarres qui l’ont amenée à l’écrire. Il s’agit d’une jolie dragonne, équipée d’un sac à main et de lunettes, qui attend sur un quai l’arrivée du monsieur du bureau des retours. La dragonne nous raconte son histoire. Lorsqu’elle a quitté sa vie le mois précédent, à l’âge de 95 ans, elle était une très vieille femme. Mais dans ce monde où elle vivait / vit, il est possible de revenir sous une autre forme, celle que l’on veut. C’est le fameux bureau des retours qui s’occupe de cela. Voilà pourquoi une dragonne de deux tonnes réparties sur trois mètres rentre chez elle un matin pour retrouver son fils Janus et son mari, Vulcain, tout juste revenu lui aussi sous l’apparence d’un volatile.
Les retrouvailles sont joyeuses et un peu mouvementées. Quelques ajustements sont nécessaires pour trouver de nouvelles marques ! On danse le tango, on s’embrasse, on part faire une promenade en tandem. On profite de la vie, jusqu’au retour du chat de la maison, Anatole ... Mais, ne dévoilons pas la fin !
Après « Superdu », Emmanuel Bourdier et Alejandro Galindo signent ensemble leur second album chez Océan jeunesse. Ils ont conçu Billet retour à la manière d’un cadavre exquis : sur les premières planches d’Alejandro, Emmanuel a amorcé son histoire ; puis Alejandro a poursuivi, et ainsi de suite jusqu’aux deux dernière pages du dénouement. Une manière de créer un album pas si commune. On sait que bien souvent, l’auteur et l’illustrateur ne se connaissent pas. Cela donne un univers commun, étrange, drôle, étonnant souvent et une complémentarité remarquable entre ce texte à la première personne et les images d’A. Galindo, illustrateur qui vit et travaille en Espagne. Des images au très grand format, élégantes, vivantes, dynamiques, où les personnages ont de la place, où l’on peut flâner à loisir et observer les petits détails qu’elles contiennent ; des surprises à chaque page tournée. Un voyage à tenter pour imaginer d’autres retours possibles …