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Date de publication
Age-cible

L'île aux chats

Yang Jung-hee
Roman
à partir de 11 ans
: 2844206662
10.50
euros

L'avis de Ricochet

L’Ile aux chats est un quartier pauvre d’une ville de Corée du Sud au bord de la mer, un bidonville de familles qui doivent faire face à l’alcool, le chômage et la drogue. Les jumelles Sukja et Sukhui naviguent entre celui de leurs deux parents qui veut bien s’occuper d’elles, tandis que les frères Tongsu et Tongjun se débrouillent seuls. Heureusement, l’oncle Yongho, adulte généreux, va tous les prendre sous sa protection.
L’action est lente dans ce roman qui s’attache à une description minutieuse du quotidien : préparation des repas, lessive, ménage, école, recherche de travail sont au cœur de la (sur)vie des personnages. Ce faisant, la mise en place de la confiance réciproque entre les enfants et Yongho se fait insensiblement au fil du texte, par petites touches naturelles pour aboutir l’air de rien à la constitution d’une vraie famille. On apprend beaucoup sur les us et coutumes en Corée du Sud, sur la valeur accordée aux études pour sortir de la misère. Mais la véritable leçon est celle de la solidarité et de l’entraide. L’ « oncle » célibataire dépense son argent et son temps sans compter (même s’il admet aussi trouver son intérêt en s’occupant des enfants), et l’institutrice finit par se promettre de ne plus jamais « progresser seule dans la société » (p. 194). Les personnages relativement nombreux sont approfondis, touchants dans leur détresse, avec une mention particulière pour la trop sage Sukja, et Tongsu qui manque de tomber dans la délinquance. La narration est d’excellente qualité (traduction impeccable), très classique, sans doute pour mieux laisser place aux sentiments simples et essentiels que véhicule cette plongée en Corée ordinaire. Dépaysant, tendre et grave à la fois. (Sophie Pilaire)

Seconde Critique:
Dans le quartier de Kwaengiburi, bidonville du port de Séoul, les familles survivent dans la pauvreté. Sukja et Sukhûi sont sœurs jumelles, elles souffrent du départ de leur mère et de l’alcoolisme de leur père. A quelques pas de là vivent Tsongu et Tongjun deux frères livrés à eux-mêmes après le décès de leur mère et l’abandon de leur père. Tsongu, l’aîné, ne fréquente plus l’école et sniffe de la colle. Non loin de là, l’oncle Yongho pleure la mort de sa vieille mère. Les chemins de ces personnages se croisent, et surmontant le malheur et la misère, une nouvelle famille naît.

Ce roman, grâce à une écriture équilibrée entre descriptions du quotidien et dialogues, donne une idée réaliste et vivante de la vie dans les bidonvilles coréens, sans jamais tomber dans le misérabilisme. Le point de vue et le discours des enfants permet d’alléger une réalité sordide (insalubrité, drogue, pauvreté etc.). Malgré tout, même dans ce cadre, les enfants restent des enfants, pleins d’innocence et d’espoirs.
Les personnages, grâce aux descriptions pleines de pudeur et aux dialogues, ont chacun un caractère et une vision de la vie qui leur est propre. Loin d’une bande d’enfants des rues, il s’agit bien d’individus à part entière. Dans ce contexte, les adultes sont autant en proie aux doutes que les plus jeunes. C’est la solidarité qui réunit tous ces êtres.
Avec pour toile de fond l’Histoire de la Corée, ce roman est un beau mélodrame habité par des personnages touchants et justes, et servi par une écriture toute en retenue.

Cécile Gaultier