Innocents

Charlotte, dite Charlie, vit avec son père et son grand frère Brad depuis le départ de leur mère. A 15 ans, c’est une bonne élève sans histoires, un modèle sur lequel son père compte. Brusquement, l’univers de Charlotte s’effondre : Brad est arrêté, accusé d’avoir causé un accident mortel sur l’autoroute en jetant des pierres depuis un pont. Charlotte est sûre de l’innocence de son frère, mais curieusement, celui-ci ne cherche pas à se défendre. Pourquoi ? Charlotte enquête.
Dans une note finale, l’auteur explique qu’elle s’intéresse moins au nom du coupable qu’à son ressenti et ses motivations. C’est le troisième roman de la collection Macadam dans le quel elle donne libre cours à son exploration des psychologies, la mêlant avec beaucoup d’habileté à un véritable roman policier tortueux. Le lecteur est d’abord captivé par l’histoire, mais, à la dernière page, les tenants et aboutissants révélés le sont de telle façon qu’ils amènent imparablement à reconstruire rétrospectivement le cheminement des personnages. Anne Cassidy n’est pas un auteur qu’on consomme et qu’on oublie, elle vous imprègne de ses univers réalistes et durs. Ici, la narratrice Charlie, si elle commence à bouillonner du trop-plein de l’adolescence, n’est pas partie prenante du drame (ou des drames, l’arbre cachant la forêt). Sa relative objectivité permet justement de mettre en scène de multiples personnages qui tournoient autour de l’affaire : victimes, accusés, parents des accusés, policiers… A travers la jeune fille, la vérité se dessine peu à peu et fait montre des complexes ressorts humains. De bonne écriture, cet ouvrage subtil et plaisant à la fois pose ainsi des questions essentielles sur les notions de culpabilité et de justice.