La Foire aux nains

Bienvenue dans l’univers subversif de Vincent Ravalec et Sergio Mora. Une ambiance déjantée, farfelue et surréaliste enveloppe le lecteur dès la première page. On se croirait dans un théâtre de marionnettes ou dans le remake décalé d’un film d’horreur tel la famille Adams. Avec un décor planté en plein cœur de la foire aux nains. Certainement la foire la plus étrange qu’il vous sera donné de découvrir… On se rend à la foire aux nains pour y échanger ses enfants que l’on trouve trop turbulents et infernaux. Autant dire que la foire aux nains attire bien des parents désespérés de ne pas avoir d’enfants sages.
Aujourd’hui, c’est au tour d’une petite fille, diablesse bien gentillette, de se voir emmener contre son gré et en dépit de ses larmes et de ses cris à la foire aux nains. Ses parents ne parviennent plus à supporter sa désobéissance. Mais qu’a-t-elle fait pour mériter une telle punition ? Elle avait pour habitude de jeter son cartable une fois rentrée de l’école, oubliait de se laver les mains avant de dîner, injuriait son frère – « Vieille chaussette sale »… Elle savait bien que si elle n’était pas plus gentille, ses parents mettraient à exécution la terrible menace de la foire aux nains, son pire cauchemar depuis qu’elle sait que les enfants y sont enfermés dans des cages dans l’attente de nouveaux parents ! Qu’allait-elle devenir aux prises avec M.Braillard, le responsable de la foire, les Cousines Pinces et le bec Perroquet, l’homme à tout faire ?
Un conte noir au style caricatural et qui se moque à loisir de l’obsession de l’enfant sage. Avoir un enfant qui ne fait pas de bruit, pas de bêtise... En somme, tout sauf un enfant. Vincent Ravalec fustige ces parents qui élèvent leur progéniture dans le mythe de l’enfant sage en agitant le spectre de la Foire aux nains ou tout autre stratagème de la sorte pour ramener leurs garnements dans le bon chemin… Ce qui n’a guère d’effet, si ce n’est faire naître un sentiment de peur chez les enfants !
Il faut y voir une histoire drôle à souhait jusque dans les illustrations de Sergio Mora dans lesquelles les cornes du diable passent de tête en tête, ornant d’abord celle de la petite fille avant de se greffer sur la tête de ses parents.