La lettre que j’attends

Jo Hoestlandt nous propose un album très poétique et gonflé d’espoir. Une maman éloignée de son enfant attend des nouvelles. Pour combler le manque, elle rêve, imagine la lettre – et son contenu - que pourrait lui envoyer sa fille. L’enveloppe sera blanche ou peut-être rose, se dit-elle. L’écriture sera comme « une dentelle de mots/ brodée sur le papier ». Pas de doute : la lettre débutera par « maman chérie » avec « une petite bulle toute pleine de gaîté » sur le i. La jeune femme fait le tour des sujets susceptibles d’être évoqués comme le retour du chat égaré, la conduite de sa fille à l’école, la vie du quartier… les rires et les jeux de ses enfants (on apprend qu’il y a aussi un garçon, plus jeune) qui, tous deux, lui manquent tant. Cette rêverie permet à la jeune mère d’alléger son isolement. Celle-ci est en prison. Ce que révèle clairement la dernière illustration de l’album. Le texte s’étire comme un long poème ouvrant une fenêtre sur la fragilité de l’être, les dangers de la vie, la douleur de la séparation. Les illustrations de Delphine Grenier apportent un apaisement. Elles sont aériennes, gracieuses et parfois elliptiques. Une œuvre très sereine.