Tomas Porec, huit ans, n’a d’autre passion que sa montagne natale qu’il préfère nettement à l’école et à la lecture. Pourtant un jour, sa mère l’entraîne à la bibliothèque où une nouvelle bibliothécaire conte merveilleusement bien. Contraint et forcé, le jeune garçon s’y rend à contre-cœur. Entouré de silence, presque hypnotisé, Tomas sera séduit par cette Dame à la licorne. S’ouvre pour lui une vraie passion pour les livres et les histoires, malgré la guerre qui gronde. En véritable conteur, Michael Morpurgo sait, dans ce récit, nous faire partager sa passion des livres et de la lecture. A partager.

Deuxième critique :

La Dame à la licorne, c’est la bibliothécaire, qui sait enchanter les enfants lorsqu’elle raconte des histoires, assise sur le dos d’une licorne grandeur nature. Elle a su captiver jusqu’à Tomas, qui pourtant avait toujours préféré les longues échappées en montagne à la lecture. Lorsque la guerre éclate, la bibliothécaire est désespérée : elle a connu les autodafés nazis et ne veut pas voir ses livres détruits. Le village se mobilise pour mettre les documents en sécurité.
Le thème n’est pas en soi original, cela fait des siècles que des bibliothèques brûlent (Lucien X Polastron a consacré au sujet un excellent ouvrage, Livres en feu, Denoël, 2003). Mais il apparaît bizarrement très peu dans la littérature de jeunesse. On pense au bel album La Bibliothécaire de Bassora de Jeannette Winter (Gallimard, 2005), et puis… Michaël Morpurgo pose son lecteur dans un lieu indéfini des Balkans (voir les noms des personnages, les paysages), et cette imprécision donne peut-être un peu moins de force à son propos qu’à celui de Jeannette Winter qui s’est inspiré d’une histoire vraie. Passons. Comme souvent, l’auteur soigne la construction narrative : son héros Tomas est adulte, il raconte une histoire qu’il a vécu petit, et – on l’apprend plus tard - qui l’a directement amené au métier d’écrivain. Le ton est poli, l’écriture parfaite, les illustrations superbes (magnifiques crayonnés de Gary Blythe). La famille de Tomas est unie, le village solidaire, l’école rébarbative juste ce qu’il faut : il ne s’agit pas de « gratter » son lecteur ou de le faire rire, mais de témoigner dans une perspective instructive et citoyenne. C’est totalement réussi, avec un zeste de poésie via la licorne, personnage légendaire qui donne lieu à une histoire merveilleuse au temps du Déluge (Morpurgo fourmille toujours à proprement parler d’idées de contes et récits). On n’aura de cesse de recommander ce livre qui parle de livres dans toutes les bibliothèques. (S.P.)

Sophie Pilaire