Le Jour nouveau

Philippe, aîné d’une famille catholique et patriote, est pensionnaire dans un collège militaire à Autun. Excellent élève, il fait également partie de camps scouts, où le père Aubert fait subir des attouchements aux enfants. L’accident de son meilleur ami lors d’un orage que l’abbé avait refusé de voir sera la goutte d’eau qui amènera Philippe à dénoncer l’ecclésiastique.

Le Jour nouveau est le récit d’un enfant sage, élevé dans un cocon qui aurait pu être carcan mais devient, grâce à l’intelligence et la sensibilité du héros-narrateur, un atout. Philippe a des idées bien arrêtées, que beaucoup jugeront rétrogrades, mais ne les impose pas aux autres. Mieux, il observe avec discrétion et découvre peu à peu , avec étonnement, que les valeurs qu’on lui a inculquées – honneur, loyauté, respect de l’autre – peuvent être appliquées à d’autres objets que la foi catholique et le patriotisme. Le père Daveaux enseigne sans demander l’excellence immédiate, le lycéen Didier est fidèle en amitié même s’il ne supporte pas l’armée, le couple d’amis de ses parents chez qui il va déjeuner n’exclut pas les débats ouverts à table… Autant de jalons qui vont amener insensiblement Philippe non à se renier, mais à s’ouvrir aux autres en gardant ses différences. Honnête et confiant, sûr de la quintessence morale qu’il a extraite de ses rencontres, il n’hésite alors pas à dénoncer le comportement d’un de ses pairs sociaux qu’il estime indigne. Ce premier roman de Joël Breurec est moins une dénonciation de pratiques déviantes possibles au sein du clergé catholique qu’une belle leçon de courage dans le récit modèle (Philippe parle et écrit évidemment dans un français parfait) d’un enfant modèle. Un auteur fin et doué, à suivre !