Le diable en Tasmanie

Après un grand imagier sans parole, Irène Schoch signe ici son quatrième album au Seuil jeunesse et confirme, avec une histoire intense, tout son talent. Nous voici au zoo de Noé, où vit Zacharie, touffe de poil noir, diable de Tasmanie. L’animal n’a aucune envie qu’on l’observe, qu’on l’épie, qu’on lui parle. De la Tasmanie, il n’en connaît rien, né dans le zoo, juste lui revient en mémoire les mélodies endiablées de sa mère. Et pourtant, Zacharie, le diable de Tasmanie, rêve d’un pays de Cocagne, d’une île paradisiaque. Lorsqu’il entend un visiteur du zoo expliquer que son espèce est en voie de disparition, son sang ne fait qu’un tour. Avec les autres animaux, Zacharie entame alors le « Plan T », celui de l’évasion et de grand départ vers un pays inconnu. C’est ainsi que les animaux du zoo de Noé ont disparu. Mais l’indépendance et la liberté ne sont peut-être pas ce qu’ils avaient espéré. Zacharie expliquera : « c’était le vide ». Avec le temps, il faudra se reconstruire, apprendre de nouveau à vivre, à s’occuper… et à raconter d’autres histoires. Dans un univers graphique qui lui est propre, où le paysage peut tout autant s’assombrir que s’illuminer, où les découpages suggèrent les formes et les mouvements, Irène Schoch a su trouver les mots justes. Elle donne ici à voir tout autant une extraordinaire aventure qu’un journal intime. Les pages à rabats, outre un effet de surprise, prolongent le propos et accélèrent le rythme d’une histoire où les sentiments s’entremêlent et se déclinent. On s’attache vite à ce petit diable qui, en somme, rêve d’un autre monde, d’un monde meilleur, d’une vie perdue. On aime beaucoup.