Menteurs, charlatans et soudards (Sorcier !, tome 1)

A 16 ans, Finn, fils supposé du grand sorcier Miricaï, part pour la forteresse de Lur où les Vénérables Maîtres lui enseignent la sorcellerie. A vrai dire, il apprend surtout la science des plantes et cherche à cacher ses insuffisances. Rien n’est en effet moins sûr qu’il soit bien le fils de Miricaï ! La situation devient intenable et Finn part. Mais encore et toujours, il réussit à faire illusion sur ses capacités tandis que les institutions sorcières s’interrogent sur lui et le recherchent.

Le thème des sorciers est désormais suffisamment intégré dans le petit monde de la littérature jeunesse pour soutenir la parodie grinçante sans problèmes. Moka commence par respecter quelques règles de base : principe de la série, explications circonstanciées sur l’univers créé (toujours un peu compliqué au début) et ses personnages, récit basé sur la quête du héros qui recherche ses origines, fin énigmatique… Tous ces poncifs sont mis en place pour mieux être déjoués, véritables invitations à des interprétations erronées, des quiproquos… Le sérieux est démoli (« Pieds Sûrs était sans conteste la meilleure mule de tout le comté », p. 104), les jeux de langage foisonnent – on a par exemple un Copiraille bibliothécaire –, l’auto-dérision est courante (voir l’ubuesque réunion des Vénérables Maîtres p. 121 et suivantes). Ce premier tome en forme de clin d’œil moqueur à Harry Potter vous garantit de l’humour à tous les coins de page. L’exercice n’était pas forcément facile, Moka n’y échoue pas. Seule réserve, son personnage principal est logiquement un anti-héros, paresseux qui compense par la ruse : on a du mal à s’attacher à lui, et cela finit par nuire à l’envie de lecture.