Famille de coeur

Coralie, douze ans, est la fille unique d’une famille heureuse et équilibrée. Ses parents regrettent de ne pas avoir eu une famille nombreuse, et adoptent alors une petite Sonia de trois ans. Extrêmement sauvage, Sonia ne parle pas, est agressive. Le temps n’améliore pas la situation, Coralie et ses parents sont à bout de nerfs et il est envisagé de rendre Sonia au foyer. Coralie, partagée entre amour, haine et honte, va demander l’aide de Guillaume, qui a lui-même un frère adoptif polynésien en contact avec sa mère biologique, selon les usages de l’île. Coralie oblige l’assistante sociale – un peu au mépris de la loi - à expliquer le passé de Sonia : enfant d’un viol, elle a été abandonnée par sa mère. A partir du moment où on explique à la petite fille qu’elle e ce moment, il devient beaucoup plus facile d’apprivoiser Sonia.

Famille de cœur n’est pas un simple roman sur les difficultés, quasi-inévitables, de l’adoption. C’est aussi une réflexion sur les modalités de celle-ci, avec des lois malheureusement pas toujours adaptées. Même si la famille d’accueil est aimante, patiente, solide, la relation ne s’instaure pas forcément ! Le système français est comparé aux coutumes polynésiennes, apparemment beaucoup plus humaines. Elles en sont pas présentées comme une solution (Guillaume a ses propres soucis), mais comme une invitation à la souplesse. La narratrice Coralie est une jeune fille mûre, portée à l’analyse de ses sentiments et de ceux des autres, un peu trop parfaite ? Non, car contrairement aux parents qui restent dans la ligne légale, se taisant et allant jusqu’à embellir leurs rapports avec Sonia saura se rebeller à temps et briser un tabou, forcer les portes. Complexe et sensible, ce petit roman engagé vaut une lecture attentive. A conseiller aux hauts fonctionnaires du Ministère de la Santé ?