David s’évade

New-York, dans les années 1930. Le père de David décédé, personne dans sa famille (frère, belle-mère, tantes et oncles) ne veut s’occuper de lui. Il intègre alors le Foyer Hébreu pour Garçons. Très rapidement, il cherche à s’enfuir de ce « Foyer Haï pour Garnements », dirigé par un personnage tortionnaire et dans lequel les plus âgés vous mangent tous vos repas. La nuit, il retrouve le vieux Solly, diseur de bonne aventure qui le fait passer pour son petit-fils dans les fêtes et les concerts de jazz où il l’entraîne. David découvre un nouveau monde, croise des grands noms de cette époque… Il voudrait bien quitter l’orphelinat, mais il veut avant récupérer une œuvre d’art en bois sculpté de son père, une Arche de Noé que le directeur lui a volé. Et puis, il s’attache à ses camarades de misère, ses « potes » qui couvrent ses sorties. David restera au FHG, mais avec la protection d’une connaissance bourgeoise de Solly qui assurera toute sécurité grâce à ses importants dons.

Gail Carson Levine, auteur d’une série de contes de princesses, aborde un nouveau genre. Elle restitue ici, de manière largement inventée toutefois, l’univers dans lequel son propre père a grandi, comme elle l’explique en post-face. L’ouvrage est intéressant du fait qu’il traite de deux univers concomitants et pourtant très différents du New-York des années 30 : d’une part la misère et l’absence de protection sociale de toute une partie de la population, d’autre part l’explosion du Harlem noir et d’une musique naissante, le jazz. En réunissant les deux, l’auteur crée un effet de contraste, tout à fait caractéristique de l’époque. Cependant, le thème des minorités ethniques n’est pas très accentué, et pourtant David est juif, il va fréquenter des noirs, auprès desquels des WASP bon teint viennent « s’encanailler ». Mais David s’évade est aussi un bon roman sur l’amitié et la solidarité, et tout ne pouvait pas être approfondi en quelques centaines de pages. Bien construit, vivant (on suit tout ce qui se passe dans la tête de David, et ce dernier est plein d’initiatives !), ce livre est en tout cas une bonne invite à aller plus loin dans la connaissance de l’époque qu’il évoque.