Nid de guêpes

Au village, une fête se prépare. Mais sous l’apparente bonhomie se cachent de sourdes rancoeurs : la fermeture du chenil, tenu par Rudi et sa femme Hélène, est l’objet d’une pétition. Edith, mère de Suzanne, meilleure amie d’Hélène, finit par la signer, ce que sa fille ne supporte pas. A la décharge de la mère, elle est veuve (son mari a été victime d’un accident de chasse le jour des 7 ans de Suzanne) et veut attirer l’attention le moins possible. Suzanne se lie avec Loup, le marionnettiste de passage, lui raconte sa vie, ce « nid de guêpes » selon les mots du jeune homme. Après avoir lâché les chiens du chenil le soir de la fête, elle se réconcilie avec sa mère.

D’emblée, l’écriture se remarque : minimaliste, sobre, elle ne donne que la trame d’une histoire, avec au présent la fête au village, et au passé les souvenirs de Suzanne. Ce n’est pas pour autant que l’introspection, l’analyse des sentiments est privilégiée. La narratrice, Suzanne, ne nous confie pas clairement ce qui se passe en elle et ce qui la déchire : elle ne le sait pas elle-même. Mais tout le non-dit se ressent immédiatement et a un fort impact sur le lecteur, tant cette écriture est puissante d’évocation. On peut parler de poésie. Et c’est sans doute une langue qui convient parfaitement à Suzanne, adolescente complexe et torturée qui tourne en rond dans un minuscule village où tout se voit, tout se sait, mais rien ne se dit. Un livre de grande qualité, exigeant, pour les grands ados et les adultes.