Hors la loi

Joseph Périgot propose un roman autour de la protection (ou non) des espèces menacées et plus particulièrement des loups du Mercantour. Mais alors que de nombreux ouvrages parlent de l’environnement et du mode de vie des loups, l’auteur a délibérément choisit un point de vue inverse : celui des fermiers et des bergers. Il est vrai que le problème est récurrent dans notre actualité. Le narrateur, Tony, une vingtaine d’années, nous dévoile ici son enfance. Sa mère, d’origine tunisienne, est institutrice. Son père, après un diplôme d’agronomie, a repris la ferme familiale, plus par obligation que par passion. Un jour, à l’âge de treize ans, le jeune garçon voit son père s’effondrer devant lui. La cause : les loups ont dévoré la majeure partie du troupeau de moutons et les administrateurs du parc national n’attendent pas le dédommager. Pour Tony, cette situation est vécue comme une injustice. Entre la résignation (voire la non-violence) de son père et les actions (parfois à la limite de la légalité) menées par les éleveurs (dont Jean-Jacques ami d’enfance du père de Tony), le jeune adolescent oscille entre révolte et injustice. Jusqu’au jour, où il décide d’aller lui-même à la rencontre des loups… Imprudence ou peur, Tony va alors tuer plusieurs loups de la meute et se mettre « hors la loi ». Bientôt, il aura à faire avec la justice, mais aussi au scandale, et à l’actualité brûlante. Un « non-lieu » et un déménagement donneront l’occasion à la famille de changer de vie et de s’éloigner de ces vieilles rancunes et de ces conflits, souvent lourds de conséquences, entre éleveurs et protecteurs des loups. Si Joseph Périgot, sous le regard du jeune adolescent, ne semble pas vouloir prendre parti, il s’attache surtout aux relations père/fils. A l’âge adulte, dans le dernier chapitre, Tony saura aussi reconnaître toute la sagesse et l’humanité de son père suite à cette affaire. Un bon roman qui pourra ouvrir à de nombreux débats.