CoxCodex 1

Tout illustrateur en rêve un jour ou l’autre. Paul Cox, par l’intermédiaire des éditions du Seuil et du Conseil Général du Val de Marne, l’a fait : concevoir un vrai livre d’artiste, présentant une grande partie de son travail. On connaît Paul Cox illustrateur, auteur d’une dizaine d’ouvrages aux Seuil jeunesse et aux éditions Albin Michel jeunesse. On connaît peut-être moins son travail de peintre, de sculpteur ou d’affichiste. Les voici réunit. Artiste polyvalent, l’artiste a lui-même suivi la conception de cet ouvrage, mi-typographié, mi-manuscrit, parcouru d’images et de traits, réunissant un large choix de ses travaux de 1988 à 2003. Haut en couleur, l’ouvrage se présente alors comme un carnet d’archives, une forme complexe entre ce qui est imprimé et les croquis préparatoires, entre les fragments et les formes abouties. Là, on découvre un cabinet de lecture, ici un cahier de recherche pour l’Histoire du soldat, une vue d’atelier ou un hommage à Töpffer. Nous sommes définitivement dans les « Mondes » de Paul Cox.

Si l’image prime, la réflexion est ici partout présente. Dans cette monographie, on retrouvera certes le Paul Cox que nous avions découvert avec Mon Amour, paru au Sourire qui mord en 1992. On pourra également découvrir les autres publications, comme Cependant… ou Ces nains portent quoi ????. Mais on aura également l’heureuse surprise d’apprécier les affiches réalisées pour l’Opéra de Nancy, les peintures, les alphabets inventés, les jeux de sociétés, les scénographies. Bref tout le monde de l’artiste où règnent la couleur, le jeu et l’expérimentation. De multiples liens et relations sont alors possibles entre les créations de Paul Cox et les livres pour enfants. Car, loin d’établir un simple inventaire, c’est bel et bien cette succession, cette accumulation de petits trésors, qui interroge. Pour ce, un long entretien et cinq essais accompagnent l’ouvrage, croisant les points de vue et les thématiques, abordant tantôt le hasard ou la cartographie, tantôt l’utopie ou la structure même d’un livre. On chemine alors d’une image à une phrase, d’une étude à une rencontre, on s’interroge, on se disperse. Et c’est précisément dans cette combinaison que l’on trouvera sa propre voie.

Il n’y certes pas de livre idéal. Il est parfois des ouvrages nécessaires. Ce « Codex » en fait partie. Un grand merci à tous ceux qui ont contribué à nous donner un peu de beau… et de fantaisie.