Mais moi, je veux !

Karl Rühmann et John Rowe nous convie, avec ce nouvel album, à une drôle d'aventure mettant en scène un bandit de grand chemin, un garçonnet qui n'hésite pas à expédier sa mère sur la Lune et à crier bien haut ce qu'il pense. Débarrassé d'interdits, l'enfant invite à la fête ses peluches et ses innombrables amis à se débarrasser, à leur tour, de toutes convenances. De chahut en chahut, l'orphelin provisoire s'improvise chef d'orchestre des bêtises, en égrenant tous les possibles, jusqu'au moment où, épuisé, il se retrouve dans son lit pour une longue réparation. Mais, il s'aperçoit bien vite qu'il manque un rituel dont il ne peut se passer avant de dormir. Il lui faut une histoire. Par une dernière pirouette dont il a le secret, le héros fait alors réapparaître sa mère, seule "liseuse d'histoires", au monde.

Si on appréciait les publications de John Rowe en tant qu'auteur-illustrateur, on le connaissait moins comme simple illustrateur. Pourtant le style est une fois de plus inimitable. Dans un feu d'artifice de couleurs éclatantes, de mise en page bousculée, John Rowe nous convie à retrouver ses personnages des précédents albums et à une auto-citation presque constante.

Et l'histoire ne manque pas de charme. À partir de situations quotidiennes, les auteurs font l'inventaire des bêtises dont les enfants rêves. Ici, pas de délires fous, mais juste une peu de fantaisies, d'extrêmes... car, quoi qu'on dise, les limites sont tenues entre ce qu'il convient de faire et de ne pas faire. Chaque lecteur retrouvera ses plus intimes désirs de débordement, mais également cette petite voix intérieure "il faut être raisonnable". Un bel album plein de tendresse.

E.A.