Fleurs de dragons

Japon, 1489. Des samouraïs sont mystérieusement assassinés, et l’enquêteur Ryôsaku est chargé de retrouver les meurtriers. Accompagné de trois adolescents, Kaoru, Keiji et Sôzô, armé de son seul petit « marteau de sagesse », il entreprend de remonter les pistes à travers le pays.
La toute nouvelle collection Courants Noirs de Gulf Stream démarre de façon magistrale ! Jérôme Noirez, auteur jusqu’ici de romans fantastiques, offre un roman policier historique plus que digne des fameux Grands Détectives de 10/18. D’ailleurs, une série se profile, puisque son enquêteur n’a pas résolu entièrement l’énigme à la fin… Ryôsaku est le type même du héros mûr et assagi : un passé difficile, une certaine non-violence (il ne porte pas de sabre) et beaucoup de réflexion. Son « marteau de sagesse » est un maillet qu’il cogne contre sa tête ou celle des autres afin de déclencher des idées et des déductions ! L’humour est très présent, fin, passant essentiellement par une moquerie sur les personnages, moins samouraïs invincibles qu’hommes perfectibles. Le ton du narrateur omniscient est flegmatique, le texte écrit au présent se parsème de proverbes et de métaphores, pour un effet très « zen », proche de l’esprit bouddhiste tel qu’un Occidental le conçoit. Au cours de l’action, avec naturel, le lecteur découvrira les régions du Japon de l’époque, en proie à des guerres civiles, aux classes sociales strictes, profondément religieux. On apprend ainsi que les « daymios », seigneurs de la guerre, sont surnommés des « fleurs de dragons » parce que leur existence a la brièveté de la fleur et leur comportement la férocité du dragon (p. 27)… Une carte et un dossier final aboutis finissent d’éclairer sur les mœurs et événements de ce siècle très dur. Rien à ajouter, rien à enlever, une réussite à dévorer !