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Petition ESAD

Mis en ligne le 21 janvier 2010
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Lettre ouverte à Monsieur Otto Teichert

Directeur de l’Ecole Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg,

1er février 2010



Monsieur le Directeur,

Je viens de recevoir, via les Etats Unis, transmise par Etienne Délessert, auteur-illustrateur de grand renom, une information alarmante sur l’avenir de l’atelier d’illustration de Strasbourg, que j’ai créé et qui aujourd’hui, sous la conduite de Guillaume Dégé, grâce à son rayonnement, continue d’attirer les meilleurs jeunes scénaristes, auteurs, illustrateurs.

Il paraît évident que toute l’option Communication est étouffée par votre projet qui l’exclut de ses perspectives. Cette option, en plus de l’illustration, propose la Communication graphique, la Didactique Visuelle, atelier unique en Europe, une autre spécificité rare et indiscutable de l‘École de Strasbourg.

En 2005, quand j’ai quitté l’école, l’atelier d’illustration réunissait entre 70 et 80 étudiants, venus de tous les coins de l’hexagone et de l’étranger. Je ne l’ai jamais vécu comme un surnombre. Les échanges, en plus de la formation adaptée à cette taille, étaient d’une richesse exceptionnelle.

Réduire considérablement le nombre des étudiants devient de l’élitisme.

Du gâchis pour les centaines qui n’entreront pas.

Ce n’est pas en réduisant le nombre des étudiants qu’on se rapproche d’une formation universitaire ! On s’en éloignerait plutôt à grands pas.

Cette spécificité de l’illustration à Strasbourg, qui en réalité n’est pas une singularité, mais un art plus fort et contemporain que jamais, puisant dans la littérature, le théâtre, le cinéma, le dessin animé, les arts plastiques, ne peut pas disparaître de la Ville qui est citée, reconnue à travers cet art à part entière.

Une singularité est toujours une qualité d’école. Surtout celle d’une école d’art.

Elle peut se maintenir quelques soient les structures, à condition qu’il y ait l’intention de la garder.

Ignorez-vous à ce point que des centaines de jeunes en France, en Europe préparent

en ce moment
en illustration, en didactique, leur cursus d’études, leur chemin de vie,

avec Strasbourg comme aboutissement
?

Je suis consulté régulièrement par des postulants convaincus et enthousiastes.

Je viens d’en rencontrer une demi-douzaine, cette semaine.

Est-ce possible que dorénavant, je sois obligé de leur dire :

« L’illustration à Strasbourg, c’est terminé !

par la volonté d’un seul homme: Otto Teichert !
» ?

Voulez-vous porter cette responsabilité ?

En espérant vous voir réfléchir à cette situation insensée.

Avec mes salutations


Claude Lapointe

Auteur, illustrateur, enseignant,

entre autre Chevalier des Arts et des Lettres pour, en partie, avoir créé l’Atelier d’Illustration




J'avais appris par Claude Lapointe que la nouvelle direction des Arts Décos de Strasbourg songeait à des remaniements des structures et des programmes. Soit. Je n'avais pas envisagé que ces remaniements risquaient d'effacer ce qui a fait la spécificité de cette grande Ecole. Deux générations d'artistes passionnés de dessin ont été formés non seulement à s'exprimer par le dessin, mais à penser. Ils ont su illuminer l'édition par leur talent et leur savoir. Ils ont changé, en France mais aussi en Europe, ce qu'on appelle les arts appliqués, c'est à dire l'Art qui reflète directement la vie intellectuelle et sociale d'un pays, et cela par une présence multipliée par les millions de lecteurs de ces oeuvres.
J'aimerais donc m'engager personnellement dans ce débat d'idées, et veiller à ce que des décisions arbitraires ne fassent pas disparaître les ateliers qui ont abrité et nourri la force, la santé de l'Art de l'Illustration.

Etienne Delessert




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