Bernadette Pourquié
Et Bernadette Pourquié ne s'arrête pas en si bon chemin. Son domaine de prédilection : la littérature de jeunesse, toute la littérature de jeunesse. Après avoir créé le site internet Marmousse, elle propose aujourd'hui une autre structure, Entremots, qui offre des formations et des animations autour des livres pour enfants et qui édite une information mensuelle : La Lettre de Marmousse. Bernadette Pourquié dirige également la collection Jeunesse des Editions Zulma. Une "militante" qui s'évertue à ouvrir la littérature de jeunesse, à la faire découvrir, mais surtout à l'apprécier. Rencontre.
Ricochet - Bernadette Pourquié, vous publiez aujourd'hui votre premier ouvrage pour la
jeunesse, Le Kachalot, pourriez-vous nous décrire cette "aventure" ?
Bernadette Pourquié - Ce texte est né un banal jour gris lorsque je vivais à Paris où je me sentais à peu près comme un poisson dans un bocal... Bien que l'écriture m'accompagne depuis l'enfance, je n'avais jamais pensé alors créer un texte qui puisse avoir sa place dans l'édition jeunesse. Il est apparu un peu par hasard et après coup je me suis dit qu'il pourrait faire l'objet d'un album illustré. Je pense que j'en suis venue là parce que je travaillais alors dans une maison d'édition jeunesse. Car je n'avais jamais pensé auparavant écrire " pour " la jeunesse (entre guillemets car cet album est pour moi autant pour les adultes que pour les enfants).
Ricochet - Comment avez-vous rencontré l'illustratrice Aude Poirot ?
Bernadette Pourquié - Grâce à Marmousse ! Je l'ai rencontrée en 2001 alors qu'elle venait tout juste de terminer sa formation aux Arts décoratifs de Strasbourg et s'installait à Toulouse. Je rencontrais alors beaucoup d'illustrateurs débutants pour leur donner des " coups de pouce " (je suis un peu moins disponible aujourd'hui...). Je n'avais jamais montré mes projets d'album. Mais là, je me suis sentie tellement proche de son univers graphique que j'ai fini par les sortir ! Elle devait avoir un faible pour les poissons car, quinze jours après, elle me proposait des esquisses.
Ricochet - On sent dans cet album une belle connivence, entre l'auteur et l'illustrateur, comment s'est déroulé votre travail ?
Bernadette Pourquié - D'une manière privilégiée, je dirais, car il est en effet assez rare de pouvoir travailler ainsi en duo en amont de toute décision de publication. Je suis très peu intervenue en fait. J'étais curieuse de voir ce que les images avaient à dire elles aussi. D'emblée j'ai fait confiance à Aude Poirot : je suis persuadée qu'elle se fera rapidement un nom dans l'édition car elle a un coup de pinceau bien à elle ; ses prochains livres à la rentrée chez Casterman et Points de suspension devraient le confirmer, si besoin est !
Nous avons donc choisi trois dessins à envoyer aux éditeurs. Ensuite, Aude a retravaillé l'ensemble d'après les remarques d'Anne Leloup, l'éditrice, et j'ai abondé dans son sens car les quelques retouches suggérées me paraissaient judicieuses par rapport à la cohérence de l'histoire et à la mise en page également. À noter pour la complémentarité : le texte de la quatrième de couverture a été écrit par Aude.
Ricochet - Pourquoi avoir choisi d'éditer chez Esperluète ?
Bernadette Pourquié - Esperluète faisait partie des éditeurs auxquels j'ai pensé en priorité. J'avais vu le travail d'Anne Leloup à plusieurs reprises, notamment au Marché de la poésie à Paris, et il était important pour moi de travailler avec un éditeur soucieux avant tout de la création. Par ailleurs, les ouvrages qu'elle publie trouvent toujours un écho en moi. Je voyais donc très très bien ce poisson-là chez Esperluète même si ce n'était pas gagné d'avance car aucun ouvrage en quadrichromie n'avait alors été publié par la maison.
Ricochet - Le format, à l'italienne, est inhabituel chez cet éditeur ?
Bernadette Pourquié - Oui, l'ouvrage fait d'ailleurs partie de sa collection " Hors-formats " dans laquelle figure aussi l'inclassable Autoportrait d'Anne Herbauts. Nous avons proposé le format à l'italienne : c'est ainsi que l'illustratrice avait commencé à travailler... et il s'est imposé. Il accentue l'effet de continuité du dessin qui se prolonge exactement d'une page sur l'autre. Nous avions même pensé à un livre-accordéon pour que l'on puisse lire cette continuité d'un trait, comme sur une frise, mais techniquement cela s'est avéré peu envisageable en raison du format justement et du nombre de pages.
Ricochet - Pour vous, un Kachalot, c'est quoi ou tout au moins qu'est-ce que cela pourrait devenir pour un jeune lecteur ?
Bernadette Pourquié - Je peux vous dire ce que c'est pour moi ou du moins comment je l'ai ressenti après l'avoir créé...
La lettre " K " représente l'anonymat, l'étrangeté et le mystère, en référence à mes lectures de Kafka. Graphiquement, visuellement, elle sort de l'ordinaire comme ce poisson hors du commun. Majuscule et inhabituelle, elle donne à ce satané cétacé un véritable nom propre qui lui confère une identité. Car c'est bien cela qui se profile au fond derrière cet animal, symboliquement : l'identité, la liberté.
J'aurais plus de mal à vous dire ce qu'il pourrait devenir pour un jeune lecteur : monstre, ami,...? J'espère surtout que chacun, quel que soit son âge, l'imaginera à son idée, avec sa propre personnalité, sans se croire obligé (pour les plus grands) d'élucider à tout prix son mystère et son " K " !
Ricochet - Dans cet album, vous parlez de "bulles d'encre", pourriez-vous nous en dire plus ?
Bernadette Pourquié - Les bulles, c'est peut-être la seule chose qui ancre le Kachalot à un endroit donné alors qu'on ne le trouve nulle part... Sa seule manière de s'exprimer également (l'encre est aussi la voie la plus aisée dont un auteur dispose pour s'exprimer), un pont vers le lecteur. Au départ, j'avais imaginé inscrire dans les bulles un double texte mais finalement l'idée a été abandonnée car cela risquait de court-circuiter le texte principal... Or, dans mon esprit, le texte doit vraiment former un tout, sans failles, comme une partition musicale.
Ricochet - Vous vous intéressez depuis longtemps à la littérature de jeunesse, n'est-ce pas trop difficile d'écrire après tant de lectures ?
Bernadette Pourquié - Les lectures nourrissent et puis l'on s'en détache, on vogue solitaire dans ses propres pensées... Non, c'est peut-être au contraire plus facile : des liens insoupçonnés doivent sans doute se tisser entre ce que l'on a lu et ce que l'on écrit mais aussi plus généralement avec ce que l'on vit et que l'on ressent dans l'absolu.
Ricochet - Vous aviez créé, il y a quelques années, le site Marmousse. Cette aventure est-elle définitivement terminée ?
Bernadette Pourquié - On pourrait le croire en effet car il n'est plus mis à jour depuis un an. Mais il continue à être très visité car il comporte aussi des données qui ne se périment pas (interviews d'éditeurs, livres à découvrir...). Le fait est que je n'ai matériellement plus le temps de m'en occuper régulièrement. Et accepter l'aide de tiers signifierait quand même en aval un travail d'harmonisation et de régulation important. Mon idée est d'en proposer, à l'occasion (j'espère y travailler cet été...), une nouvelle version sans rubriques d'actualité mais avec de temps en temps un nouveau dossier sans date de péremption.
Ricochet - Comment vous placiez-vous, par rapport aux autres sites internet consacrés à la littérature de jeunesse ?
Bernadette Pourquié - Je ne me plaçais pas, pour tout dire... J'entends par là que je ne cherchais pas à me " placer ". C'est un site personnel que j'ai créé par passion en 2000 et qui très vite a pris une ampleur (en termes de fréquentation et de notoriété) que je n'escomptais pas. Le but était de faire partager au plus grand nombre des informations que je pouvais recueillir facilement, étant donné que je baignais déjà dans le milieu. Je me suis cachée derrière le nom générique de " Marmousse " non pour faire croire à une multinationale mais parce que je n'avais pas envie de me mettre en avant : je n'en voyais pas l'intérêt. Les sites internet consacrés à la littérature jeunesse me paraissent d'ailleurs complémentaires et non concurrents.
Ricochet - Vous éditez également une lettre mensuelle : La Lettre de Marmousse ?
Désormais, vous avez créé une structure intitulée Entremots. Quels sont ses objectifs ?
Bernadette Pourquié - J'ai créé " La Lettre de Marmousse " pour pouvoir continuer sur mon temps de travail la démarche informative que j'avais initiée avec le site internet mais à une échelle plus humaine et en ciblant davantage les professionnels et les " aspirants professionnels ". Son lancement est né d'une réelle demande : maintes fois, on me l'avait suggéré dans les salons du livre où je présentais le site. Manifestement, les gens préfèrent parfois recevoir des informations à domicile et à leur nom plutôt que de se perdre sur internet (sans parler de ceux qui ne sont pas équipés). Mais les deux démarches doivent coexister, il me semble.
Quant à Entremots, c'est une structure que j'ai créé en avril 2002 pour promouvoir la littérature jeunesse. Je ne l'ai pas nommée " Marmousse " pour essayer de marquer la différence entre les actions professionnelles et ce qui était du domaine du bénévolat (individuel)... Mais dans un domaine comme celui-là, les deux approches se mêlent très souvent ! À travers Entremots, j'essaye surtout de profiter de mon approche multiple des métiers du livre pour proposer un ensemble d'actions à la fois différentes et complémentaires : être sur le terrain côté éducation au travers des animations pour les jeunes, toucher les " médiateurs du livre jeunesse " au travers des formations, aider le plus grand nombre (dont les illustrateurs et auteurs débutants ou pas) au travers de la démarche informative. L'idée est également de faire intervenir à terme (processus déjà engagé), ponctuellement, le plus de personnes possible, de profils très variés (en intervenants supplémentaires sur certaines animations pour enfants ou au cours des formations pour adultes). Abattre les cloisons en quelque sorte entre les différents corps de métier qui s'intéressent au livre jeunesse : le monde de l'éducation, celui des bibliothécaires, des libraires, des éditeurs, des auteurs, des chercheurs, des conteurs... etc. Car je constate tous les jours qu'ils se croisent souvent sans toujours coopérer et je suis persuadée qu'on a beaucoup à apprendre les uns des autres et tout à gagner de travailler réellement ensemble.
Une autre particularité d'Entremots est que toutes les animations proposées aux enfants et aux adolescents autour des livres sont toujours directement en rapport avec ceux-ci. Le livre n'y est jamais un prétexte et l'on y revient toujours, quelle que soit l'approche choisie et même si cela s'avère beaucoup plus compliqué lorsqu'on s'adresse à des publics assez " éloignés " de l'acte de lire (tout-petits ou enfants et adolescents en difficulté scolaire notamment). Par exemple avec les plus grands en leur faisant découvrir également la vie du livre, de la création à l'édition et jusqu'à sa seconde naissance après publication.
Ricochet - Vous vous consacrez aujourd'hui à la formation. Pourquoi ?
Bernadette Pourquié - Consacrer n'est peut-être pas le mot, vu que ce n'est pas la seule activité que je propose autour de l'édition jeunesse.
Ceci dit, au-delà du rôle informatif (qui est toujours orienté cependant), il me paraît essentiel pour aller plus loin de réunir autour de problématiques des profils divers afin que l'expérience de chacun puisse être partagée et bénéficier à chacun. La formation s'appuie sur les compétences des intervenants mais se nourrit aussi de l'échange. " Entremots ", c'est aussi " entre nous " et " entre vous ".
Ricochet - Pensez-vous que les personnes ne sont pas assez formées en ce qui concerne la littérature de jeunesse ?
Bernadette Pourquié - C'est malheureusement un constat quotidien. Presque un combat. Les non-professionnels qui aspirent à l'être ont souvent tout à découvrir et ne savent pas par quel bout commencer. Quant aux professionnels, ils ont pour la plupart des acquis solides et des compétences non négligeables, certes. Mais leur spécialisation font qu'ils sont un maillon dans la chaîne du livre ou dans celle de la médiation du livre et ne peuvent avoir toujours une vue d'ensemble approfondie. La confrontation des points de vue est donc essentielle. D'autre part, le but du jeu n'est pas de rester sur ses propres acquis. La littérature jeunesse est en mouvement perpétuel et encore aujourd'hui l'un des domaines les plus novateurs de l'édition. Le besoin de formation est donc permanent. D'aucuns disent : " les bibliothécaires ont des formations en interne, les enseignants aussi... " Mais l'objectif est justement d'apporter un complément en réunissant régulièrement tout ce petit monde-là et bien d'autres encore (dilettantes y compris) ! Et de faire intervenir lors de tables rondes des professionnels du livre jeunesse engagés qui ne sont pas forcément coutumiers du fait, qui ne sont pas forcément de toutes les grand-messes organisées une fois l'an ici et là à l'occasion de salons du livre.
Sans information, sans formation, les gens vont plus naturellement vers les éditeurs et les livres les mieux diffusés. Je ne leur jette pas la pierre mais constate simplement que s'ils n'ont pas forcément le temps d'aller voir ailleurs, il faut le faire pour eux.
Ricochet - Vous dirigez également la collection Jeunesse chez Zulma. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Bernadette Pourquié - La collection jeunesse des éditions Zulma - essentiellement spécialisées en littérature française et étrangère pour adultes (depuis 1991) - est née du prolongement d'une collection pratique intitulée " L'équitation autrement " qui propose des guides éthologiques. L'idée était donc d'offrir des livres sur le même sujet à des lecteurs plus jeunes. C'est donc chose faite avec cette collection de romans d'aventure complétés par des cahiers documentaires en fin de volumes. Il s'agit pour l'instant d'une série du même auteur (Jenny Oldfield), traduite de l'anglais, que la directrice des éditions, Laure Leroy, a elle-même découverte à l'étranger.
J'ai accepté de l'animer en raison de son profil atypique par rapport aux séries jeunesse déjà existantes sur le thème des chevaux. Le souci apporté à la correction de la langue, à l'intérêt du scénario, l'orientation éthologique et l'apport du cahier documentaire (ajouté à la version originale et directement en relation avec le roman) qui traite essentiellement de la relation entre l'homme et l'animal - et non de la dernière panoplie à la mode dans les concours hippiques - font qu'elle se démarque des sempiternelles histoires un peu nunuches de compétitions équestres ciblées filles. J'ai, de plus, eu l'opportunité de faire travailler sur cette collection une jeune illustratrice débutante, Juliette Armagnac, qui a signé les superbes dessins à l'encre (de couleur) des couvertures.
D'autres titres suivront, des trilogies et des titres uniques, avec le souci de faire un pas de plus encore vers la qualité. Il n'y a pas de raison que ce thème-là (les chevaux) soit toujours traité comme un sous-thème. Je suis donc actuellement en recherche de manuscrits plus littéraires d'auteurs français que le roman d'aventure, à dos d'équidé, tenterait ou a déjà inspiré...
Ricochet - De part vos différentes activités, vous avez une bonne vision de la littérature de jeunesse. Qu'est-ce qui selon vous caractérise aujourd'hui l'édition pour la jeunesse en France ?
Bernadette Pourquié - Elle oscille, il me semble, entre deux tendances antinomiques : d'un côté, une surenchère née de l'essor du " marché " des produits culturels pour la jeunesse et de l'autre, l'engagement d'éditeurs créatifs qui font le choix pour survivre et par conviction de concentrer leur catalogue autour de quelques titres par an, minutieusement choisis et accompagnés. C'est une analyse sommaire donc peu nuancée mais assez proche de la réalité. Ceci dit, sans vouloir pour autant pousser de Cocorico, son autre particularité est de demeurer relativement novatrice à l'échelle mondiale (comme c'est le cas aussi aujourd'hui dans certains pays nordiques et asiatiques).
Ricochet - Vous défendez les petits éditeurs pour la jeunesse. Quelle est, selon vous, la spécificité des petits éditeurs ?
Bernadette Pourquié - Leurs conditions d'existence sont précaires. Aussi se doivent-ils de faire mieux ou du moins différemment des autres. Une large part est donc laissée à la création. S'ils sont pour la plupart réalistes et savent que la publication de livres n'a plus de raison d'être si les ventes ne suivent pas, ils s'efforcent toutefois de ne pas les concevoir uniquement comme des produits marketing. D'autre part, ils s'impliquent souvent plus directement dans l'accompagnement de l'auteur et de son œuvre (PLV mis à part). Et surtout, ils défendent ce que l'association " Les éditeurs associés " par exemple appelle la " bio-diversité de l'édition ". La qualité avant la norme. La variété avant le nombre.
Ricochet - Qu'est-ce que qui, selon vous, pourrait être amélioré, en particulier au niveau des médias et/ou des éditeurs ?
Bernadette Pourquié - Au niveau des médias, c'est très simple : tenir compte de cette " bio-diversité " ou plutôt " biblio-diversité ".
Au niveau des éditeurs, arrêter de vouloir découper à tout prix la littérature jeunesse en tranches (d'âge, s'entend ; il y a bien d'autres repères à donner aux parents et enseignants). Ne pas persévérer dans la voie du tout pour les filles et tout pour les garçons (comme dans la presse jeunesse par exemple) car on est en train de régresser à ce niveau-là : les jeunes lecteurs sont des lecteurs avant tout, pas des résultats de pseudo-tests psychologiques pré-formatés.
Ricochet - Avez-vous d'autres publications en perspective ?
Bernadette Pourquié - Oui, un nouvel album chez Esperluète : Ombre. Je ne vous en dis pas plus pour l'instant...
Également, des adaptations de romans jeunesse en tant que traductrice, chez un autre éditeur.
Quant aux projets, en sus de ceux qui sont estampillés " jeunesse ", quelques autres pour adultes, notamment dans le domaine du théâtre et de la poésie.
Ricochet - Que souhaitez-vous, dans les prochaines années, pour la littérature de jeunesse ?
Bernadette Pourquié - Une meilleure communication entre les différents acteurs qui la font vivre. Qu'on fasse taire par exemple ces querelles de clochers qui font que sous prétexte d'organiser des salons du livre jeunesse non commerciaux, on n'invite à certains endroits que des libraires (cherchez l'erreur...) et pas d'éditeurs ou le contraire ailleurs pour une autre bonne raison encore... Que les personnes qui font intervenir des auteurs auprès des jeunes s'impliquent réellement afin que ces rencontres ne soient pas éphémères et uniquement récréatives... Que les listes de livres conseillés ne camouflent pas la diversité...
En un mot comme en mille, que la littérature jeunesse soit moins cloisonnée.
Esperluète éditions, 2004
12, 50 euros