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Valéria Vanguelov

Cat Phuong Le
21 janvier 2010

Valéria Vanguelov, à 30 ans à peine, a repris le flambeau des Editions Grasset-Jeunesse. Le salon jeunesse de Montreuil 2009 est son deuxième salon en tant qu’éditrice ; une occasion de promouvoir les nouveautés qui ont su garder les qualités traditionnelles de cette maison d’édition créée en 1973.




Portrait : Pierre Cornuel.

Une nouvelle ère pour Grasset Jeunesse


















Comment et quand vous êtes arrivée chez Grasset-Jeunesse et quelle formation avez-vous suivie ?

C’est après une Maîtrise de Lettres modernes à la Sorbonne, suivie de deux années de stages en presse et maisons d’édition, que je suis entrée chez Grasset-Jeunesse en tant que stagiaire auprès de Marielle Gens, alors responsable du département.

Participer à la vie d’un secteur de A à Z (tant à travers des tâches éditoriales, de presse, ou commerciales) est une expérience passionnante pour une stagiaire, et c’est la taille de notre maison qui m’a permis de la vivre.

Comment êtes-vous devenue l’éditrice de Grasset Jeunesse ?

En 2003, quand s’est créée une nouvelle collection, Marielle Gens m’a proposé d’être son assistante. Et à son départ la retraite, 30 ans après son arrivée chez Grasset, j’ai tout naturellement pris le relais « en douceur ».

Quelles sont les qualités traditionnelles de Grasset Jeunesse ? Et d’après vous, ces critères restent-ils encore “valides” aujourd’hui ?

Notre département jeunesse poursuit, comme la maison Grasset en Littérature, une politique d’auteurs, mais aussi d’innovation, et s’appuie sur les valeurs sont les siennes depuis sa création, en 1973 ; publier des livres forts, alliant création, qualité, esthétique… qui sont bien sûr toujours « valides », mais se doivent de se développer en accord avec l’évolution de l’édition jeunesse ainsi qu’avec les attentes de notre lectorat.

Avec votre arrivée à ce poste important, quelles sont vos ambitions pour Grasset Jeunesse ?

Répondre au mieux aux besoins des enfants mais aussi aux demandes des parents, à travers nos différentes collections d’albums et de romans, s‘adapter à son époque tout en mettant en valeur nos spécificités… C’est un formidable défi !

Pouvez-vous nous parler des nouveautés de votre collection ? Comment prenez-vous le relais de la collection ?

Avec les dernières parutions de la collection « Lecteurs en herbe », en proposant des titres initiant à la vie et l’œuvre de grands artistes, comme Klimt, Chagall, ou Gauguin, ou en publiant des auteurs comme Rudyard Kipling (Alors, tu seras un Homme mon fils, illustré par l’italien Mauro Evangelista), nous poursuivons un travail de transmission culturelle et d’ouverture sur le monde artistique ; actuellement, nous travaillons avec Sohee Kim et Pierre Cornuel à un album sur le peintre chinois Chu Ta (Chu Ta et Ta’O, le peintre et l’oiseau), qui permettra d’aborder le travail d’un grand peintre tout en ouvrant une porte sur le taoïsme.





Mais nous n’oublions ni les plus jeunes, à qui nous nous adressons à travers des albums tendres et ludiques pour les tout-petits, comme L’Imagier de Romuald de Florence Desmazures et Sylvie Serprix ou les Somnambulettes de Martine Delerm, ou des poches très illustrés et sensibles pour aider à grandir, comme la série Les petits bobos de la vie (Dr Eric Englebert et Claude K. Dubois, « Lampe de poche 7 ans et + ») ou le recueil de nouvelles Le Samovar et autres histoires, écrit par Anne Thévenin (« 9 ans et + »), ni les plus grands, en invitant à une découverte de l’autre et au dialogue, parfois à travers des sujets durs, comme l’adultère d’un parent dans A moitié vide de Frank Andriat (« Lampe de poche Ados ») ou les viols collectifs dans Samira de H.M. (« Romans Grand Format »).

Parallèlement à ces nouveautés, nous restons fidèles à nos classiques en ré-éditant régulièrement des albums de Raymond Briggs, Pierre Gripari ou de la collection Monsieur Chat.


Comment définissez-vous un potentiel manuscrit ou projet illustrateur ?

Publier peu, comme c’est notre cas par rapport à de nombreux confrères, induit un choix des projets, ainsi que des auteurs et illustrateurs avec lesquels nous travaillons, d’autant plus rigoureux ; seul un projet conforme à notre image, nos lignes éditoriales, et provoquant chez nous un coup de cœur, peut venir s’inscrire dans notre catalogue. Cela nous oblige à renoncer à de nombreux projets formidables, mais que nous ne pourrions pas défendre et soutenir comme il se doit. Nous recevons environ… 150 fois plus de projets par an que nous ne publions de livres !

En tant qu'éditrice d’une maison importante sur le secteur de littérature jeunesse, quelles sont pour vous des qualités qu’un éditeur ou une éditrice devrait posséder ?

Pour un secteur comme le nôtre, l’essentiel est de faire la part des choses entre les projets qu’il nous est possible ou pas de défendre ; cela implique d’être à l’écoute du marché comme de ses intervenants, de faire confiance à ses choix, d’être curieux, polyvalent, patient, rigoureux et tenace… et bien sûr, de ne jamais perdre son âme d’enfant !





Entretien réalisé par Cat Phuong LE, étudiante en licence professionnelle métiers de l’édition et du commerce du livre IUT Paris Descartes