Gauthier David
Né en 1976, Gauthier David, est auteur-illustrateur et auteur-interprète de chansons. Il a signé quatre albums pour enfants dont certains sont illustrés par sa compagne Marie Caudry. En parallèle de cette pratique du dessin, Gauthier David est guitariste et chanteur d’un groupe de musique. Il participe au « club aventure » Téléférique qui mêle photographie, performance et installation.
Propos recueillis par Alexis HASSLER, licence professionnelle métiers de l’édition, spécialité bibliothèques, médiathèques, de l’IUT Paris Descartes,2009-2010.
Réalisé en décembre 2009
- A quel public s’adressent vos albums ? Une cible précise ou une volonté de toucher le plus grand monde ?
Bien sûr, mon souhait est de toucher un large public, autant les enfants que leurs parents. Mais je ne désire pas pour cela modeler mon travail aux prétendues attentes du grand public.
- Comment êtes-vous arrivé au dessin ? D’où vous vient cette vocation ?
Le dessin est venu tardivement, été 2004. J'étais en vacances, et son usage a été une constante de mon voyage. Chaque promenade, chaque rencontre, chaque lieu de bivouac était prétexte à un dessin. J'étais heureux et étonné de pouvoir représenter ce que je voyais et que ce réel soit reconnaissable par d’autres que moi, malgré le caractère ultra naïf de mes dessins à ce moment-là.
Sinon, le dessin a toujours été très présent dans ma vie, étant donné que ma compagne Marie Caudry est illustratrice, et que nous sommes curieux de tout ce qui se fait dans ce domaine.
- Votre enfance était-elle calme et paisible ? Est-elle une source d’inspiration ?
Enfant, je jouais énormément avec de petits personnages en plastique. Mais mes scénarios étaient très primitifs, je faisais faire de l'exercice à ces bonshommes, de l'athlétisme, ils courraient, sautaient, plongeaient... pas plus d’ingrédients. Il a fallu 20 ans pour que je complexifie un peu mes histoires. Mais je ne fouille pas mon enfance pour trouver des idées, ma principale source d'inspiration est ce qui m'entoure au présent.
- Pensez-vous que les préoccupations des jeunes enfants ont changé entre votre époque et aujourd’hui ?
Globalement je ne sais pas pour les enfants de moins de trois ans, leurs besoins me semblent relativement universels.
Mais pour les enfants un peu plus grands, je crois que les préoccupations ont changé, notamment au niveau du rapport à l'image, à leur propre image.
De plus en plus d'enfants sont les sujets des blogs de leurs parents et je ne sais pas ce que cela va donner !
- Vous considérez-vous comme un grand enfant (on trouve par exemple sur votre site de nombreuses images plus ou moins humoristiques où vous vous mettez en scène avec des amis) ? Le jeu est-il nécessaire dans la vie, dans celle de l’adulte en particulier ?
Je me considère avant tout comme un aventurier peureux. Je cultive un rapport naïf au monde, une euphorie du quotidien et j'ai le désir qu'elle perdure. Le jeu et l'humour sont des valeurs essentielles pour moi, j’apprécie les situations absurdes, le romanesque tranquille et le bizarre.
- Avez-vous une affection particulière pour l’une de vos œuvres ? Pour l’œuvre d’un autre auteur d’albums de jeunesse ?
L'écriture de chacun de mes livres est un moment fondamental, dans le labeur et la jubilation.
Je suis constitué par chacun d’entre eux et j’ai une affection particulière pour eux quand je suis en train de les faire. Après, c’est différent. Ils s’éloignent de moi, je m'en détache, trop préoccupé que je suis par tout ce que j’ai à faire.
Il y a quelques livres très importants pour moi: l’album Pierre coeur de pierre et les contes de Grégoire Solotareff, Dans moi de Alex Cousseau et Kitty Crowther, Images filantes de Séverin Millet et les livres de William Steig.
- Vous écrivez des albums mais également des chansons. Existe-t-il des passerelles entre les deux disciplines ? L’une nourrit-elle l’autre ou les deux sont-elles totalement indépendantes ?
Par le livre jeunesse, et le regard de mon éditrice, j'ai acquis une exigence qui s'est étendue à toutes mes pratiques et qui m'a été absolument bénéfique.
L'idée du travail abouti, professionnel, était nettement moins précise pour moi avant cette collaboration avec Albin Michel.
- Quand avez-vous su que vous feriez ce métier ? Aviez-vous d’autres idéaux auparavant, ou encore maintenant ? Si vous deviez changer de métier, lequel choisiriez-vous aujourd’hui ? Cela est-il concevable ?
Je ne me dirigeais pas du tout vers ce métier, mes objectifs étaient plutôt tournés vers la musique. Mais Marie Caudry m'a réclamé une histoire à illustrer... Nous avons d'abord envoyé un projet qui n'a pas vu le jour (Le Profil des chevaliers) et qui nous a permis d'établir des contacts. Ensuite, j'ai pensé à l'histoire de La Balade de Max, et là, l'accueil pour les illustrations de Marie a été détonnant.
J’ai devant moi de nombreux projets à réaliser et il faudrait vraiment que je m’ennuie ou que je tourne en boucle pour envisager de faire autre chose.
- Pour l’album Peau d’ours et pain d’épices, vous êtes à la fois l’auteur et l’illustrateur. Pour Venez nombreux ! et La Balade de Max c’est Marie Caudry l’illustratrice. Pourquoi cette répartition ? Quel est l’apport, ou les apports, d’une telle segmentation ?
Avec Marie, nous travaillons main dans la main. Le regard critique que nous posons sur nos travaux respectifs est le fondement de notre collaboration. Elle est ma première lectrice, elle corrige mes histoires, c’est elle qui a trouvé le titre « Peau d’ours et pain d’épices », elle est co-auteure de Venez Nombreux ! sur lequel j’ai fait une partie des couleurs.
Grâce à notre polyvalence (étant tous les deux animés par le goût de l’écriture et du dessin), nous sommes de bons conseillers l’un pour l’autre. Mais surtout nous sommes touchés par les mêmes choses.
- Vos dessins sont bien souvent très épurés, une économie de la ligne rappelant pour certaines de vos œuvres d’anciennes civilisations. Pourquoi avoir choisi de dessiner ainsi ? Cela a-t-il une signification particulière ?
Je ne dessine pas de cette manière par choix, je n’aurai pas la capacité technique de faire autrement et n’en ai d’ailleurs pas l’envie. Je dessine ainsi parce que cette façon de représenter m’est spontanée, personnelle, agréable et facile.
- Quelle est votre méthode de travail ? Préférez-vous la solitude pour créer ou la compagnie ?
Pour inventer une histoire, la plupart du temps, c'est en voiture ou en marchant quelques heures que les idées affluent. Une fois rentré à la maison, je démêle.
Pour le travail d'écriture, j'ai un rythme de bureau, 9h/13h, 14h/16h30, quatre jours par semaine. Je me fixe sur le rythme de mon fils qui va à la crèche. Je suis plutôt solitaire.
- Vos albums mettent en scène des histoires souvent oniriques (La Balade de Max, Peau d’ours et pain d’épices), où puisez-vous une telle imagination ?
Je suis très sensible aux glissements entre fiction et réalité ; pour moi une histoire idéale est mystérieuse et elle fait un peu peur.
- Quels sont vos futurs projets ? Pour ce qui est de la musique ou des albums. Souhaitez-vous explorer d’autres domaines artistiques (films…) ?
J'ai plusieurs chantiers d'histoires pour cette fin d'année 2009. Certaines destinées à Marie Caudry, et d'autres que j'aimerais voir illustrées par d'autres dessinateurs.
A présent, je partage mon temps entre l’écriture d’albums et Téléférique mon « club aventure » qui mêle la photographie, la lecture et les installations.
. Sites Internet :
http://www.gauthierdavid.com/
Site personnel de l’auteur, Gauthier David. On y retrouve des dessins, des chansons mais également des liens vers d’autres sites et une liste de dates du « club aventure » Téléférique.
http://mariecaudry.blogspot.com/
Il s’agit du blog de Marie Caudry, la compagne de Gauthier David. Elle parle de son travail personnel mais également de ses collaborations avec son compagnon ainsi que des expositions autour de leurs œuvres.