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Compte rendu d'une conférence du 21e salon du livre - Des souris et des livres : le numérique et la transmission du savoir

Noémie LECINA étudiante Metiers du Livre IUT Paris
1 janvier 1990

Comment utiliser Internet et les cédéroms comme vecteur éducatif pour la familiarisation à l'univers du livre ? L'accès précoce à Internet peut-il modifier les habitudes de lecture ?

Animé par Caroline Robert, journaliste, avec Armelle Gonzales, professeur des écoles, Dominique Korach, directrice du département jeunesse chez Nathan.

De 14hOO à 15hOO Organisé par le partenaire BOL.fr

La crèche d'Issy les Moulineaux est une crèche pilote en matière de multimédia. Les enfants, de 3 mois à 3 ans, peuvent y jouer avec un ordinateur comme avec tout autre jeu, que ce soit de la pâte à modeler ou de faire des dessins. Avec l'aide d'un éducateur, un ou deux enfants peuvent s'initier à cette nouvelle activité pendant de courtes périodes, de 10 à 15 minutes. Pour les autres jeux, les enfante sont par 5 ou 6, mais le multimédia nécessite une nouvelle approche affective et il apporte un autre dialogue que celui, par exemple, de la lecture de conte en groupe.

On dit que le multimédia ne stimulerait pas l'imaginaire : les réactions de l'enfant face à ces nouvelles technologies ne sont pas comparables avec d'autres activités. Les réactions sont intéressantes, mais il faut être vigilant. L'ordinateur impose avec l'enfant une relation individuelle, il bénéficie alors, avec l'éducateur, d'une attention privilégiée. Avec le livre l'enfant construit son imaginaire, avec l'ordinateur les images sont toutes faites : l'enfant ne crée pas ses propres représentations mentales. Il y a réellement un danger si l'enfant n'est pas accompagné, s'il est seul face à l'ordinateur. Dans le cas de la crèche d'Issy les Moulineaux l'enfant est aidé, les éducateurs jouent véritablement avec les enfants. Il y a en fait plus de danger dans le cas de l'utilisation du multimédia avec les parents : les parents considèrent l'ordinateur comme une nouvelle télévision, ils laissent alors l'enfant seul avec la machine.

Les nouvelles technologies et les nouveaux médias reposent également les questions fondamentales de l'enseignement. Le déroulement des cours traditionnels ainsi que la restitution du cours dans les exercices sont remis en question. Les nouvelles technologies sont une opportunité mais elles n'ont aujourd'hui encore rien prouvé en matière d'efficacité d'enseignement. Elles ne sont pas à jeter mais il faut continuer les expériences en classe. Avec l'utilisation de l'ordinateur des progrès ont été constatés dans les domaines de l'écriture et de la lecture : l'aspect interactif texte/image/son fait tomber l'appréhension que peuvent éprouver certains élèves à l'approche indigeste du papier et du livre.

Qui peut-être réellement aidé par le multimédia ? Tout d'abord les enfants qui ont la chance de posséder chez eux un ordinateur, d'avoir cet outil pour apprendre. Mais ceci accentue une fracture et condamne les catégories non favorisées, survient alors le « fossé numérique ». Une étude a été effectuée en Angleterre dans une classe de terminale. L'utilisation de l'ordinateur a remotivé les enfants médiocres issus de catégories socioprofessionnelles très moyennes. L'élément visuel est peut-être plus prometteur pour des enfants plus âgés. La motivation est un élément clef dans l'apprentissage. Les nouvelles technologies sont un facteur de motivation mais elles ne sont pas un outil dans les phases de l'apprentissage. Avant l'ordinateur il a aussi été utilisé en classe la télévision, la vidéo, les films...Le nouvel outil doit être testé et démontré motivant. Il y a beaucoup d'espoir devant nous ; il n'existe pas aujourd'hui de modèle et d'idéal en matière d'apprentissage par le multimédia, la recherche continue. L'échange est indispensable dans l'apprentissage, le contenu, sa mise en forme et l'accompagnement sont primordiaux. Internet a certes des limites, mais l'adulte doit donner des clefs d'explications.

Comment peut-on intégrer et utiliser la pratique du multimédia en classe ? En français, les élèves peuvent utiliser l'ordinateur et internet pour la préparation d'exposé, pour la production de textes. Cette démarche répond alors a un double objectif ; celui de l'apprentissage technologique et celui delà langue ainsi que des outils pour communiquer. L'accès à des images et à des jeux n'est possible que dans le cadre d'une utilisation privée : il faudrait en classe un ordinateur pour un ou deux élèves, ce qui est aujourd'hui impossible. On compte dans la plupart des cas un ordinateur par classe ou bien une salle informatique souvent indisponible parce que prise d'assaut. L'utilisation de l'ordinateur nécessite une grande disponibilité de là part du maître, un seul ordinateur dans une classe de 30 élèves ne laisse pas de place au relationnel et ne permet pas un contrôle suffisant.

Les cédéroms éducatifs sont généralement bien faits, avec suffisamment de vocabulaire, mais ils impliquent une grande vigilance de la part des parents. On ne peut trop attendre aujourd'hui d'un nouveau moyen technologique d'apprentissage. Un nouvel outil ne transforme pas l'apprentissage mais il offre de nouvelles perspectives et de nouvelles opportunités, ce fut le cas de la BD il y a quelques années. On a constaté la facilité avec laquelle les jeunes lisaient les bandes dessinées contrairement aux adultes. Mais il ne faut pas tirer de bonnes conclusions trop vite.
Les nouveaux outils peuvent modifier la relation à l'enseignant Sur le site Internet du ministère de l'éducation on propose une préparation au baccalauréat personnalisée. L'entraînement est adapté aux capacités du lycéen. Cette piste et intéressante et elle convient à un certain type d'enfant. Les nouveaux outils sont un des moyens pour redonner le goût de l'écrit et celui de la lecture. L'ordinateur apporte de l'aide à un enfant en situation échec, mais la motivation, l'échange et la parole avec un adulte ou un éducateur sont réellement nécessaires. La relation affective est alors considérable dans la nouvelle opportunité de l'apprentissage par l'ordinateur. L'enfant sait ce qui lui correspond le mieux et il peut se faire sa propre opinion, mais l'adulte doit maintenir son rôle dans le contrôle et dans le temps consacré à cette nouvelle forme d'apprentissage (l'enfant est bien plus laissé à lui même dans l'utilisation d'Internet qu'avec un cédérom qui est un produit fini).

Les cours en classe sont interactifs, quelque soit l'outil, enseignant ou multimédia. Il ne faut pas sous-estimer le lien enfant-maître même, et surtout, pour un enfant de 10 ans. Un ordinateur ne remplacera pas le lien qu'unit l'enseignant à son élève, on se souvient tous aujourd'hui de nos maîtres, maîtresses et professeurs... La souris peut permettre au contraire de nouveaux liens avec les enseignants, en ce qui concerne les jeunes enfants. Pour les plus âgés le multimédia rentre dans l'auto-apprentissage, le soutient ou l'entraînement (il remplacera peut-être ce qu'on appelle aujourd'hui le parascolaire : les annales du brevet, du bac, cahiers d'exercices....). Le nouvel outil multimédia s'envisage actuellement comme un accompagnement scolaire, comme le prolongement de ce qui a été fait en classe. Le multimédia ne remplacera jamais l'école et, contrairement aux idées reçues, il contribuera à favoriser les relations affectives des élèves avec leurs professeurs.