Christian Grenier
Christian Grenier a écrit plus de 80 romans pour la jeunesse, la plupart dans le registre SF qu'il a exploité à travers de nombreux genres : de l'album aux nouvelles, en passant par le théâtre, les contes et légendes, des essais, de la BD et du dessin animé. Né en 1945 à Paris, Christian Grenier entreprend des études de lettres et devient enseignant dans un collège parisien. Il anime des clubs de théâtre, d'astronomie, de SF et d'écriture. Sa carrière débute en 1972 lorsqu'il reçoit le prix de l'ORTF pour " La Machination", son troisième roman. Lecteur, correcteur et rewriter chez plusieurs éditeurs, il créera et dirigera en 1981 la série SF de la collection Folio-Junior, éditée chez Gallimard jeunesse. Aujourd'hui, Christian Grenier vit dans le Périgord et se consacre à l'écriture. Il lui arrive de rencontrer ses lecteurs et d'animer des conférences sur la science-fiction dans diverses universités et des centres de formation. Laissons la parole à Christian Grenier, cet écrivain opiniâtre qui rêvait aussi de devenir chef d'orchestre ou metteur en scène.
Julien Sorel… mais aussi, pour faire bonne mesure et nuancer, Félicité (l’héroïne d’Un cœur simple de Flaubert).
- Quelle utopie seriez-vous prêt(e) à défendre ?
Celle que je définis très précisément dans mon roman Ecoland.
- A part être écrivain ou illustrateur, que rêveriez-vous d'être ?
Chef d’orchestre ou metteur en scène.
- Où écrivez-vous ? Quel est le lieu qui vous inspire le plus ?
Après avoir écrit pendant quinze ans dans un placard, j’écris aujourd’hui au deuxième étage de ma maison, un vaste grenier aménagé. Mais ce lieu ne m’inspire pas plus qu’un autre. Je reste persuadé qu’un lieu clos est plus propice à l’écriture qu’une terrasse, un jardin, ou une fenêtre ouverte sur la mer !
- Quel est le sentiment qui vous habite le plus souvent ?
L’impatience.
- Quel(s) genre(s) de livre(s) vous tombe(nt) des mains ?
Les récits dans lesquels l’auteur, de toute évidence, veut faire du style et sous-entend : «regardez comme c’est écrit !» Quand l’auteur, par surcroît, fait ça en parlant de lui, je ne vais pas au-delà de la première page.
- Que redoutiez-vous enfant ?
La maladie, la séparation, la mort.
Et ne pas, durant ma vie, concrétiser les mille projets que j’avais.
- Vous arrive-t-il de côtoyer des êtres imaginaires ?
Imaginaires ? Je l’ignore. Mais je suis entouré en permanence de fantômes tutélaires et bienfaisants : Flaubert, George Sand, Proust, Montaigne, Molière…
- Que feriez-vous ou diriez-vous à un ogre s'il vous arrivait d'en croiser un ?
"Je ne suis pas comestible".
- Qu'avez-vous conservé de l'enfance ?
Une candeur et une confiance que l’on m’a parfois fait payer cher.
- Selon vous, qu'est-ce qui fait vendre un livre ?
La question ne me semble pas correctement posée.
Il y a des milliers de types de lecteurs. Je peux dire ce qui me fait acheter un livre… mais pas « ce qui fait vendre un livre » en général. Les livres qui se vendent le plus sont, je crois, ceux qu’on a un peu honte de ne pas avoir lu alors que tout le monde en parle, de Harry Potter à Da Vinci Code.
- Quel qualificatif vous colle à la peau ?
Opiniâtre.
- Quelle est la meilleure phrase qu'un enfant vous ait dite ?
Vous m’avez fait découvrir le plaisir de lire.
- Quelle est votre définition du bonheur ?
Sans doute celle qu’évoque le Petit Prince, avec ses cinquante-trois minutes à dépenser : marcher tout doucement vers une fontaine.
- Si vous aviez la possibilité de recommencer, que changeriez-vous ?
Un ou deux événements de ma vie, il y a environ 25 ans. De mauvais choix, des voies de garages dans lesquelles je me suis empêtré (euh… oui : je suis opiniâtre, pour le meilleur mais aussi pour le pire !)
- Enfant, quel genre de lecteur étiez-vous ?
Compulsif.
- Vis-à-vis de quoi vous sentez-vous impuissant ?
L’avenir de la Terre.
- Quel est l'animal auquel vous ressemblez le plus ? Pourquoi ?
Je n’ai jamais réfléchi à cette question. Et si j’aime et je respecte les animaux, je ne me sens pas proche d’eux à proprement parler. Mais finalement, le loup…
Il est solitaire mais il vit en meute. C’est l’un des mammifères les plus attachants, malgré la mauvaise réputation qu’on continue de lui faire.
- Quel est le mot que vous préférez dans la langue française ?
Impossible de choisir. J’aime tous les mots. Mais s’il fallait le faire, j’aurais bien sûr une préférence pour des mots comme amour, utopie ou fraternité…
- Que souhaiteriez-vous que l'on retienne de vous ?
Répondre, c’est déjà faire preuve de prétention, non ?
Mais s’il le faut, ce serait :
Un livre… une phrase… une expression…
Finalement, on écrit pour ne pas mourir tout à fait. Et si l’on retient d’un auteur une seule phrase ou même une idée, c’est déjà magnifique !
Vos livres
- Quelle est votre dernière sortie pour la jeunesse ?
Ce soir-là, Dieu est mort, un récit dans la collection Confessions à La Martinière
- Le(s) livre(s) dans votre production dont vous êtes particulièrement fier ou qui vous laisse(nt) un souvenir particulier
Peut-être mes romans jumeaux Le Pianiste sans visage et La fille de 3ème B. Ils m’ont permis de montrer que j’écrivais dans un autre registre, et de parler d’une de mes grandes passions ; la musique.
- Quel est le thème que vous aimez davantage traiter ?
Je traite, je crois, tous les thèmes. Mais il est vrai que l’avenir de l’humanité me préoccupe…
- D'où est né votre premier livre/ illustration ?
Mon premier roman publié (Aïo, terre invisible) a été écrit pour ma femme, à l’époque (1968) où elle venait de lire La nuit des temps de Barjavel, jurant après avoir beaucoup pleuré qu’elle ne lirait plus jamais de SF. Je voulais lui écrire un récit sur mesure pour lui montrer que la SF pouvait être optimiste. Mais je précise que :
- j’avais déjà écrit des centaines de récits avant celui-ci.
- ce roman, au départ, n’était pas du tout destiné à la publication !
- Quel livre en littérature de jeunesse auriez-vous voulu écrire ou réaliser à la place d'un autre ?
Je ne comprends pas bien la question.
J’aurais été très fier d’avoir écrit Great expectations (De grandes espérances) de Charles Dickens, ou encore, plus récemment Vie et mort d’un cochon de Robert Newton Peck.
- Sur quel projet travaillez-vous actuellement ?
Une nouvelle policière, la première rencontre de mes héros récurrents Logicielle et Max. Un récit qui se situe chronologiquement entre Coups de théâtre et L’Ordinatueur : l’arrivée de la jeune Logicielle au commissariat de St Denis et sa première enquête avec Max – en fait, la première nouvelle d’un recueil qui devrait sortir en mars 2006 chez Rageot, dans la collection Heure Noire. Titre probable : Des nouvelles de Logicielle !
- Où et comment vous voyez-vous dans 10 ans ?
Dans le Périgord, avec quelques ouvrages de plus, les mêmes illusions et un peu plus de cheveux blancs.
Références
Littérature de jeunesse
- Un livre pour la jeunesse qui vous a marqué petit ?
Le petit Pioui, dont je parle dans Je suis un auteur jeunesse. Et Voyage au centre de la Terre, à 12 ans.
- Quels sont vos auteurs-illustrateurs de référence ou qui pour vous développent une approche intéressante ?
Ils sont trop nombreux pour que je les cite tous – et puis la plupart sont des amis… difficile d’en citer un ( ou une ) et d’en oublier d’autres !
- Quels sont vos livres "coups de cœur", les "incontournables" en littérature de jeunesse ?
Navré, il m’est impossible de répondre à cette dangereuse question, pour les mêmes raisons que celles évoquées plus haut.
Je signale tout de même que j’évoque avec précision chaque mois, sur mon site, les lectures qui m’ont marqué… et il y en a douze ou quinze à chaque fois !
Culture
- Un film, une photo/illustration qui vous touche ?
Plusieurs films : 2001, l’odyssée de l’espace, Barry Lindon, Bienvenue à Gattaca, Secrets et mensonges, Un jour sans fin…
Une photo : celle qui fut prise en 1960 par un engin soviétique, et qui montre pour la première fois notre Terre, au milieu du cosmos.
- Un musicien
Ils sont des centaines.
Commençons par Schubert, Bach, Prokofiev, Bélà Bartok, Monteverdi, Beethoven, Stravinsky, Ravel…
- Un lieu où vous aimeriez vivre
Le Périgord… ça tombe bien : j’y vis !
- Une phrase (une devise) qui vous guide
Cet aphorisme d’un grand philosophe : Pierre Dac.
Quand on dit : « ferme la porte, il fait froid dehors », ce n’est pas parce qu’on a fermé la porte qu’il fait moins froid dehors.
A méditer. Car on ferme de plus en plus de portes. Et il fait de plus en plus froid dehors.
Actualité
- Vos dernières (bonnes) lectures ?
Voir mon site ! Mais pour les gens qui n’iront pas…
Un autre que moi de Bernard Friot.
Sobibor et Félicidad, de Jean Molla.
Jim Bouton de Michael Ende, grâce à l’excellente traduction-adaptation de Pierre Mourlevat.
- Un site (sur les techniques graphiques, un auteur-illustrateur, une approche particulière du texte, de la littérature...) que vous souhaitez recommander ?
Euh… Noosfere ?
phttp://www.noosfere.org/grenier