Sirius

Dans un monde dévasté, des petits groupes ou des solitaires survivent. En pleine forêt, Avril, adolescente, élève comme elle peut le petit Kid. Son passé chaotique va la rattraper et les deux jeunes (frère et sœur?) vont devoir fuir. Derrière un langage balbutiant et une terrible envie de s'amuser, Kid est un enfant unique : il ressent les affects de la nature qui l'entoure et communique avec les arbres, les animaux. Car il reste quelques animaux sur cette terre stérile… Un porcelet baptisé Sirius va accompagner Kid et Avril dans leur périple vers les montagnes.

Avec ce gros tome unique, Stéphane Servant renouvelle la dystopie pourtant devenue commune en littérature jeunesse. Si des bribes d'informations sur les circonstances de cette apocalypse parviennent au lecteur, elles servent essentiellement à expliquer peu à peu le parcours cruel d'Avril. Alors que les êtres vivants ne parvenaient plus à se reproduire, un groupe mystique, les Etoiles Noires, a appelé à une purification violente et Avril s'est laissé endoctriner, avant de finalement sauver Kid bébé. Darius, son ancien amoureux devenu fou, la poursuit maintenant.

Sur leur chemin angoissé, Avril et Kid croisent des ennemis, beaucoup, et des amis, quelques-uns. Ce seront l'ourse Artos, le vieux Conteur, l'âne Esope, le rat Un… Stéphane Servant étonne, pioche vers le conte (Rosine), la folie (le fermier Herik), l'écologie (la ville corrompue versus les montagnes salvatrices), composant un roman d'aventures puissant et fourmillant de symboles. L'innocence et l'hypersensibilité de Kid sont au centre d'un espoir de renouveau, entre cochon-chien-étoile et « livre vivant » de la nature se traduisant par des pensées fulgurantes (en italique) du garçonnet. Avril, plus secrète, laisse entrevoir une psychologie d'adolescente influençable qui va se révéler dans l'adversité. Envoûtant et complexe, une vraie réussite littéraire.