Dans mes oreilles, j'entends le monde

Le titre signe l’ambition de cet album documentaire original : mettre en lien le monde et un narrateur par le biais de l’audition. Pourtant la couverture ne ressemble pas à celle d’un documentaire. Coiffé d’un chapeau, moitié oreilles de lapin, moitié bonnet d’âne, le personnage qui regarde en coin, toutes oreilles ouvertes, a un drôle d’air. Quelle histoire va-t-il nous raconter ? Aucune, mais il va nous promener de la naissance de l’univers, bruit originel du big bang, à la naissance de l’enfant qui entend dans le ventre de sa mère le monde qui vibre. Manière élégante de nous ramener à ce narrateur qui affirme « Dans mes oreilles j’entends le monde ».

Sur le chemin du personnage nous allons croiser aussi bien des informations anatomiques, dessin précis de l’oreille, que des informations physiques, propagation du son, intensité, fréquence. Le son est décrit aussi bien comme un bruit qui assaille que comme une musique qui séduit. Avec lui nous écoutons les bruits du corps et ceux de la nature. Le bruit est tantôt heureux, tantôt insupportable ; fortuit ou construit.

Tout ce vagabondage est illustré par des images au graphisme épuré, très vivement colorées, elles jouent avec le blanc de la page et l’importance, le volume des graphies. Lorsque le cœur bat au moment d’une rencontre, les mots du bruit tombent comme la pluie, ils s’entre-mêlent jusqu’au bonheur du silence.

Les pages fourmillent d’informations cumulées, très riches quant aux connaissances apportées, poétiques ou scientifiques, toujours sensibles. C’est un album qui peut dérouter par son foisonnement mais il réjouira les esprits curieux. Ils pourront grapiller des connaissances à leur fantaisie d’un tableau à un autre, en toute liberté.