Mamina m'a dit

Dans la classe de Marc, en maternelle, il y a Salomé, la narratrice aux couettes blondes. Entre ses deux amoureux, Geoffroy et Idriss, son cœur balance. Chacun des deux garçons a ses qualités et on la voit régner sur les cœurs bien à l’aise. Un jour, le maître demande aux enfants d’apporter leur livre préféré.

Geoffroy répond tout de suite à la demande de Marc, Salomé hésite, Idriss diffère. Sous le regard de Salomé, on perçoit des tensions incompréhensibles. Cela ne perturbe pas vraiment les jeux, mais Salomé, fine mouche, observe la discussion d’Idriss et Marc, le secret de la conversation, la bouderie temporaire. Elle note tout cela en passant, et c’est bien amusant de voir vivre la petite communauté où beaucoup de jeunes lecteurs se retrouveront.

Le problème se résout par l’apparition de Mamina, la grand-mère. L’album développe alors une autre dimension et la réflexion peut s’approfondir. La requête de Marc, l’enseignant, a, sans le vouloir, mis en difficulté Idriss… La présence de Mamina, qui raconte son enfance et ne lit pas, met en lumière la question des cultures familiales et scolaires, convergentes pour les uns, Geoffroy et Salomé, divergentes pour Idriss. Le traitement de cette délicate question par Sigrid Baffert sonne juste. Elle détaille la position des enfants, celle des adultes et on souhaiterait que toujours soit vivante la même bienveillance. L’illustration colorée, dynamique de Véronique Vernette contribue à la légèreté de cette tranche de vie simple et profonde..