L'aigle noir

Guitariste, professeur de musique et passionné de jazz, Hartman est muté à Ouistreham, sur la côte normande. Il tente d’oublier le drame de sa vie : la perte de sa femme et de son enfant. Pour survivre, Hartman s’accroche à son chien et à sa guitare. Selon Hartman, le rythme constitue la « colonne vertébrale » de la musique. Il fonde un groupe parmi ses élèves pour mettre en pratique sa théorie. 

Billie au « prénom prémonitoire » en est la chanteuse. Hartman tombe littéralement amoureux de la voix de celle qui « déchire le silence » tel l’aigle noir crevant le ciel.
Hartman savoure l’accompagnement de Billie à la guitare. D'autant plus qu'elle se métamorphose en chantant, « elle quitte son masque de cire lorsqu'il s'agit de chanter ».
Leur entourage voit cette connivence d’un mauvais œil. Une simple complicité musicale qui pourtant heurte la méconnaissance ambiante.

L’adolescente porte un mal-être certain. S'y ajoutent des tourments liés à la perte d'un bracelet, "seul" souvenir d'une étreinte estivale. Enfin, Billie n'en peut plus de sa famille qui s'évertue à entretenir une image d'Épinal. De ce fait, elle « rêve de disparaître sans faire de bruit ». Billie devient donc un peu plus renfermée, mystérieuse et secrète.

Avec habileté, le narrateur met en parallèle le destin des deux protagonistes broyés sous le poids et la violence des jugements d’un milieu fermé. En fin psychologue et avec un style incisif, il nous régale de sa connaissance profonde de la nature humaine. L’écriture au présent abolit la hiérarchie entre les faits, leur conférant ainsi un caractère permanent. En filigrane, le texte et la mélodie de l’Aigle noir de Barbara soulignent l’impossibilité pour nos héros de perpétuer le bonheur fugace de leur complicité musicale.
L’Aigle noir est l’histoire de deux êtres qui parviennent à transcender leur souffrance. Le récit d’une possible rédemption par la musique.