Les fourmis

Dans des albums antérieurs, Ma et Mi, deux personnages indistincts, découvrent l’univers sous sa forme minuscule et quotidienne : caillou ou feuille. Ici les amis observent les fourmis. Ce regard sur les fourmis en marche leur donne une leçon d’ordre et de régularité. L’irruption d’une fourmi rouge crée le désordre. Posées dans les mains de Ma et Mi, après leur frayeur commune, elles vont reprendre côte à côte leur chemin paisible.

Le thème de la force tranquille des fourmis, celle qui leur permet, si minuscules, de porter pomme ou galette est mis en défaut par l’altérité supposée de la grosse fourmi rouge. Et c’est la PAGAILLE !!!

Hélène Humbert suit au plus près le rythme de la colonne : les fourmis, symbolisées par trois petits ronds noirs collés entre eux, traversent la page. A distance régulière, elles forment une chaîne. La pagaille rompt l’ordre et les fourmis noires s’éparpillent au milieu du texte qui éclate aussi dans la page… Le jeu des couleurs, la calligraphie, la mise en page contribuent puissamment au sens du texte. La grosse fourmi rouge tient à peine dans la diagonale de la page mais, sur les mains de Ma et Mi, elles ne sont pas si différentes, à peine l’une plus importante que l’autre. A la fin, dans la solidarité de l’épreuve surmontée, elles cheminent ensemble, rassérénées, ressemblantes et différentes.

Dans un style précis, ciselé, Julia Billet et Hélène Humbert abordent sans moralisme des thèmes importants sur les relations entre membres d’une même société, unis ou séparés ; proches ou étrangers ; amis, ennemis, rapports simples et complexes à déchiffrer pour comprendre le monde et vivre ensemble. Un petit album efficace.