Pacifique

PACIFIQUE : le titre en lui-même à double face – vaste océan et valeur de paix – évoque le voyage, l’ailleurs. C’est à ces découvertes que Nicolas Mestre et Maïlys Paradis nous invitent.

Bleu et ocre, les couleurs dominantes de l’album respirent le mélange de l’eau et de la terre, îles lointaines où vit Tini, petit garçon vagabond. Est-ce lui qui chante l’océan tantôt « gracieux », tantôt « effrayant » ? Les auteurs tressent deux thèmes, chant de l’océan et chant de l’attente, puisque Tini, dans sa rêverie, attend une naissance. Frère ou sœur, peu importe, il avance au bord de l’eau entre terre et ciel, dans un univers peuplé de présences graves, occultes, tikis des sociétés mélanésiennes. Il sautille comme un lori, nage avec les crabes et les méduses. Le lecteur accompagne le petit héros dans un espace indéfini, aux couleurs douces ou vives. Les fleurs, les rochers, les animaux réels ou imaginaires s’accumulent : tant de détails dans lesquels le regard se perd et l’esprit s’évade.

La séduction de l’ouvrage vient de ces mondes indécis, imprécis, entre réel et imaginaire. Tini dans la modestie de son voyage est pourtant en contact avec les valeurs universelles de vie, de nature. Fils de ses père et mère, respectueux des traditions, il chevauche les tortues et tutoie les fonds marins et nous embarque dans sa liberté.

La séduction de l’ouvrage provient aussi des choix d’écriture et de présentation de cet album. Le texte, découpé en neuf fragments, est rassemblé dans une pochette dissimulée sous la couverture. Au jeune lecteur de s’en emparer pour reconstituer l’histoire grâce à des indices trouvés dans les illustrations. Le rythme du texte, qui commence chaque fois par une invocation à l’océan, épouse les rencontres de Tini et les cartes assemblées forment une nouvelle image, comme une morale de l’histoire à méditer... Un album plein de grâce, de souffle et de poésie.