Quand je m'ennuie

Que faire quand on s’ennuie ? « Se prendre pour quelqu’un d’autre », s’inventer une vie. Et, le moins que l'on puisse dire, c'est que le narrateur de ce livre ne manque pas d’imagination.

Il est tour à tour canard, vache, ambulance, informaticien et même boursufle. Chaque épisode se présente selon un même canevas. Une première double-page situe le personnage annoncé par le texte et la suivante développe le thème de façon burlesque.

L’ennui, semble-t-il, emporte le héros de l'histoire dans le délire. Ainsi quand il est un canard, tout le monde tente de le convaincre de sauter dans un faitout fumant, il hésite et se transforme en canard mécanique qui s’envole ou en canard de bain. Cette imagination est circonscrite dans une planche de BD sans texte, d’une grande rigueur ; au lecteur d’imaginer… Les images sont très drôles. Quand il devient une vache, le narrateur évolue sur un fil au-dessus des montagnes, tel un funambule, mais le fil ploie dangereusement sous son poids...

Il est impossible de décrire une histoire, puisqu’il n’y en a pas. Le récit se déroule sans autre logique que celle de la fantaisie absurde et incongrue qui culmine lorsque le narrateur déclare : « Je suis une boursufle épatante. Je poutine mes gouzilleuers, je grabouigne mes gondolines » !  Juan Arjona et Enrique Quevedo, complices, produisent un objet déroutant qui amusera par la régularité apparente du texte répétitif, la sagesse de ses images bien cadrées d’où s’échappent les histoires, comme issues d’une lanterne magique.