Baltique, à pied d'île en île : carnet de voyage

Dans un format à l’italienne qui se lit en soulevant les pages du bas vers le haut, se dévoile le périple de Nicolas Jolivot, dessinateur et poète, grand flâneur et amateur de sites sauvages, désertiques, historiques et différents. Sur deux carnets, il a témoigné en dessinant et en écrivant, simplement, de façon réaliste et sobre. Son livre restitue le voyage entrepris de Lübeck à l’île d’Öland en passant par les îles danoises de la mer Baltique ; il les arpente à pied et n’utilise le bateau que pour rallier l’île suivante. Aquarelles bleu-gris ou brunes, griffées par un trait de plume précis, voici de magnifiques paysages de ports, de plages, de baies, des églises d’autrefois, avec la mer de septembre, grise ou verte, qui rabat son écume sur les rivages sablonneux jonchés de bois flotté ou dressés de rochers comme des forteresses. Les planches panoramiques nous entraînent dans un rêve éveillé, tandis que les détails (grappes de fruits sauvages, vieilles cabanes, abris provisoires, silhouettes croisées, moutons laineux, grue cendrée ou cormoran perché), parsemés au fil des textes, sont autant de repères de vie. Nicolas Jolivot connaît les codes qui font vibrer les voyageurs et ceux qui les aiment et aiment leurs récits. Comme un François Place qui aurait trouvé la magie de la réalité, un Sylvain Tesson qui marcherait en paix.

Car rien n’est extraordinaire dans ce cheminement lent et peu à peu rattrapé par les premières gelées d’automne, mais cette errance volontaire, Nicolas Jolivot en tient la chronique quotidienne, agrémentée de quelques commentaires comparatifs : la vie est bien tranquille ici, les gens sont sympathiques et discrets, les enfants apprennent à grandir, tout semble différent.

Nicolas Jolivot nous fait voyager et nous invite au voyage. Quand il referme ce splendide album, le lecteur est apaisé et, dans le même temps, son esprit est tout occupé par le désir : à son tour, il partirait bien marcher sur les chemins. Une belle initiation.