Petit trésor

Les albums sur le thème de l’enfance immigrée se multiplient, preuve de l’attachement des auteurs et de leurs éditeurs pour les valeurs d’accueil et d’échange, ainsi que l’importance qu'ils accordent à les transmettre. Celui-ci en est un exemple très touchant.

L’histoire de ce petit garçon qui a quitté son pays est racontée par Muriel Pat. Son intention est en outre de rendre accessible la lecture aux enfants déficients visuels, parfois eux aussi bien isolés dans leur propre pays. En effet, les choix typographiques et de mise en page correspondent aux recommandations : police en gras, alignement du texte à gauche, interligne augmenté. Les textes (dans des encadrés blancs) ressortent sur la page jaune d’or et le choix d’une illustration à l’encre noire permet à Hugo Alimi de jouer avec le blanc et le jaune pour donner de l’épaisseur à ses représentations, qui évoquent la gravure sur bois. Des gros plans sur les visages ou sur des éléments qui fonctionnent comme témoins du récit ainsi qu'un travail manifeste sur l’expressivité renforcent les émotions que ressent le lecteur.

L’histoire de cette amitié naissante, de cette curiosité pour l’Autre, un Autre affaibli et sur ses gardes qu’il va falloir convaincre, est très finement écrite et décrite par l'auteure : l’enfant porte sur son cœur le souvenir de son pays perdu et la confiance s’installera lentement avant de se transformer en amitié entre le jeune écolier narrateur et son nouvel ami. Le jeu sur le nom du personnage est particulièrement savoureux par son symbolisme : petit trésor. Un très joli travail dont le souvenir flottera comme un sourire dans la mémoire du lecteur.